Comme il vous Plaira


Comme il vous Plaira
Titre original: "As You Like It"
Auteur: William Shakespeare
Editeur: RBA France; collection Le Monde
Traduit par: François-Victor Hugo
Nombre de pages: 259

* Résumé *

Sans doute composée aux environs de 1599, "Comme il vous Plaira" fait partie, avec "Beaucoup de Bruit pour Rien" et "La Nuit des Rois", des comédies de la maturité. Reprenant le genre à la mode de la pastorale, elle met en parallèles des règlements de comptes entre frères.
Outre l'introduction de François-Victor Hugo, vous trouverez dans ce onzième volume des oeuvres complètes de Shakespeare, une préface de François Laroque, professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3.
 
* Mon Avis *

Pittoresque, cette pièce est également intéressante dans ses idées.

Cadet d'une fratrie de trois garçons, Orlando s'insurge contre son aîné, Olivier, qui ne respecte pas les dernières volontés de leur défunt père et lui refuse sa part d'héritage. Mais comprenant que sa vie est en péril, Orlando rejoint le vieux duc en exil - lui aussi évincé par un frère traître -, qui a trouvé repos au coeur d'une forêt où il est régulièrement rejoint par des fidèles. Mais avant de quitter la Cour, le jeune homme est tombé amoureux de Rosalinde, fille du vieux duc, qui a été recueillie par l'usurpateur sur demande de sa chère cousine Célia, qu'elle considère comme une soeur. Lorsque Frédéric, tyrannique duc actuel, la bannit à son tour, elle se travestie en homme et, accompagnée de Célia qui ne peut se passer d'elle, va trouver à son tour refuge aux abords de la forêt.

On pourrait penser, avec le mauvais résumé que j'en fais, que cette pièce part dans tous les sens, mais ce n'est pas le cas. Cette comédie explore de nombreuses choses mais suit un rythme logique qui m'a bien plu. Reprenant la "Rosalynde" de Thomas Lodge, Shakespeare en fait une fable mêlant le dramatique au comique, en passant par le romantisme. Deux fratries rongées par la quête de pouvoir de l'un de leur membre, des amours contrariées par le destin et un univers éloigné de la Cour, voilà dans quelles situations le dramaturge aime voir évoluer ses personnages; et le rendu est divertissant.
Ce qui est plutôt innovateur pour l'époque, c'est que la pièce ne serait rien sans la présence féminine. En effet, les héroïnes sont à l'honneur: fortes, elles se rebellent et n'hésitent pas à affronter les épreuves de la vie. Rosalinde se travestie en homme pour ne pas risquer de ce faire attaquer; amoureuse d'Orlando, elle va examiner avec attention la profondeur des sentiments de son héros lorsqu'elle va finir par le croiser - se répandant en poèmes à son intention - tandis qu'elle sera encore méconnaissable, elle va jouer avec lui pour être certaine de ne pas donner son amour à un homme volage. Et pour conclure, l'épilogue est énoncé par une femme, une rareté !
Les protagonistes masculins sont moins travaillés psychologiquement mais pas moins intéressants, et les seconds rôles sont tout aussi captivants avec, par exemple, la présence d'un fou aux propos des plus sensés et de tous temps jovial et son contraire, Jacques, mélancolique au possible que rien ne déride et qui avance des propos pour la nature et contre la chasse qui m'ont parlé; tout les oppose, pourtant les vérités qu'ils énoncent les rapproche, d'une certaine façon, et je les ai grandement appréciés tous deux.

Cette édition nous offre en Annexes la version originale de Thomas Lodge, utilisée par le dramaturge pour construire sa pièce. Il est toujours intéressant de pouvoir noter les différences et il y en a ici peu, si ce n'est l'humour de Shakespeare. Nous trouvons également la "Diane" de Montemayor, qui inspira une partie des "Deux Gentilshommes de Vérone", et "Les Aventures de Gianetto" qui fit référence pour "Le Marchand de Venise".

Pas inoubliable, mais plaisante à parcourir, cette pièce est sympathique.



Citation:

* Jacques - Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs.



Suzy B.

    

Commentaires

  1. Je n'avais jamais entendu parler de cette piéce ! Mais ça m'a l'air tout à fait sympathique en effet.

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    1. Ah, la joie des blogs qui nous font découvrir de nouvelles oeuvres ! ;)

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