[Des Pages À Lire] "Terre des Hommes", Antoine de Saint-Exupéry


Terre des Hommes
Auteur: Antoine de Saint-Exupéry
Éditeur: Gallimard
Nombre de pages: 255

* Résumé *

"Nous habitons une planète errante."

Saint-Exupéry, qui vient d'être nommé pilote de ligne, découvre, admire, médite notre planète. Assurant désormais le courrier entre Toulouse et Dakar, il hérite d'une vaste responsabilité à l'égard des hommes, mais surtout de lui-même et de son rapport aux hommes. Tout en goûtant "la pulpe amère des nuits de vol", il apprend à habiter la planète et la condition d'homme, lit son chemin intérieur à travers les astres. En plus du langage universel, il jouit aussi chaque jour de la fraternité qui le lie à ses camarades du ciel. Il rend hommage à Mermoz ou à Guillaumet, à qui est dédicacé le roman, et dont il rappelle les célèbres paroles: "Ce que j'ai fait, je le jure, jamais aucune bête ne l'aurait fait."
 
* Mon Avis *

Voici un ouvrage autobiographique passionnant.

À travers huit grands chapitres, Antoine de Saint-Exupéry se raconte: son métier de pilote dans l'aéropostale auquel il vient d'accéder, la camaraderie avec ses collègues, les aventures de certains d'entre eux, la condition d'être humain, la beauté de notre planète, qu'il voit depuis le ciel d'un œil nouveau, son accident dans le désert aussi, qui a failli lui être fatal...

C'est d'une plume exploratrice que l'auteur nous confie ses souvenirs et ses impressions d'un monde et de ses habitants; depuis son avion il observe, il ressent, il vit, on le sent ému par son récit et cette sensation ne tarde pas à gagner le lecteur. Et au détour de quelques phrases, une résonance se fait en nous, celle du souvenir d'un certain Petit Prince - celles et ceux qui ont lu le conte (publié quatre ans plus tard) ne manqueront pas d'être interpellés par les passages poétiques prémices à une histoire enchanteresse.

Cette succession de récits authentiques nous transporte avec facilité et on ressort de cette lecture en se disant qu'on a passé un joli moment en compagnie de l'aviateur et du rêveur qui sommeille en lui.

 * Parlons Couverture *

Si je vous présente une édition classique ici, avec une couverture unie, d'autres publications plus récentes nous proposent de jolies illustrations de couverture, comme celle de Folio, par exemple, ou encore Le Livre de Poche ou Gallimard.

Citations:

* La terre nous en apprend plus long sur nous que tous les livres. Parce qu'elle nous résiste.

* On chemine longtemps côte à côte, enfermé dans son propre silence, ou bien l'on échange des mots qui ne transportent rien. Mais voici l'heure du danger. Alors on s'épaule l'un à l'autre. On découvre que l'on appartient à la même communauté. On s'élargit par la découverte d'autres consciences. On se regarde avec un grand sourire.

* "Ce qui sauve, c'est de faire un pas. Encore un pas. C'est toujours le même pas que l'on recommence..."

* Seul l'inconnu épouvante les hommes. Mais pour quiconque l'affronte, il n'est déjà plus l'inconnu.

* Être homme, c'est précisément être responsable. C'est connaître la honte en face d'une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C'est être fier d'une victoire que les camarades ont remportée. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde.

* Tout a changé si vite autour de nous: rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-même a été bousculée dans ses bases les plus intimes. Les notions de séparation, d'absence, de distance, de retour, si les mots sont demeurés les mêmes, ne contiennent plus les mêmes réalités. Pour saisir le monde aujourd'hui, nous usons d'un langage qui fut établi pour le monde d'hier. Et la vie du passé nous semble mieux répondre à notre nature, pour la seule raison qu'elle répond mieux à notre langage.

* Dans un monde où la vie rejoint si bien la vie, où les fleurs dans le lit même du vent se mêlent aux fleurs, où le cygne connaît tous les cygnes, les hommes seuls bâtissent leur solitude.

* Dans quel mince décor se joue ce vaste jeu des haines, des amitiés, des joies humaines ! D'où les hommes tirent-ils ce goût d'éternité, hasardés comme ils sont sur une lave encore tiède, et déjà menacés par les sables futurs, menacés par les neiges ? Leurs civilisations ne sont que fragiles dorures: un volcan les efface, une mer nouvelle, un vent de sable.

* On oublie que la vie, ici comme ailleurs, est un luxe, et qu'il n'est nulle part de terre bien profonde sous le pas des hommes.

* L'empire de l'homme est intérieur.

* aimer ce n'est point nous regarder l'un l'autre mais regarder ensemble dans la même direction.


Suzy Bess.
 

Commentaires

  1. Ce genre de récit m’ennuyait profondément quand j'étais encore jeune et insouciant. Mais plus les années passent, plus je les apprécient. Donc ça pourrait bien me tenter^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je crois que, lu plus tôt, cela m'aurait ennuyé aussi. Je l'ai découvert à la bonne période de ma vie. On a toujours à apprendre de ce genre de récit.

      Supprimer

Enregistrer un commentaire