"La Route", Cormac McCarthy


La Route
Titre original: "The Road"
Auteur: Cormac McCarthy
Édition: Points
Traduit de l'anglais (États-Unis) par: François Hirsch
Nombre de pages: 253

* Quatrième de Couverture *

L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un Caddie rempli d'objets hétéroclites. Dans la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du Sud, la peur au ventre: des hordes de sauvages cannibales terrorisent ce qui reste de l'humanité. Survivront-ils à leur voyage ?

"Comment saurait-on qu'on est le dernier homme sur Terre ?"
 
* Mon Avis *

Concis, ce roman est néanmoins particulièrement intense.

Un homme et son fils marchent sur une route; voilà une idée bien simple en vérité. Mais viennent la compléter des éléments forts qui font toute la puissance de ce récit: cet homme et son fils sont faméliques. Pourquoi ? Car leurs journées sont une perpétuelle dépense d'énergie pour en trouver un nouvel apport, une marche inlassable pour survivre, une quête constante de nourriture. Pourquoi ? Parce que la Terre a brûlé, elle n'est plus qu'un amas de cendres qui volent dans l'air, se posent et s'infiltrent partout; impossible de faire pousser quoi que ce soit, les végétaux et les animaux sont morts, les magasins et les maisons ont été pillés. Dans des vêtements en loques, l'homme et son fils continuent leur marche sous tous les temps, dans un froid insoutenable qu'un maigre soleil ne parvient pas à réchauffer, avec un but qu'ils ne sont pas certains de croire eux-mêmes et l'espoir de ne pas croiser sur leur route ces humains qui n'ont pas trouvé meilleur moyen de survivre que de manger d'autres humains.

Le style de l'auteur est décousu, écorché, je ne m'y attendais pas et ai été étonnée par les premières pages. Mais l'on s'y habitue rapidement et nous sommes bientôt assez captivé pour ne plus penser au fait qu'il n'y a quasiment pas de virgule dans ce texte. En jetant sur la page des pensées sur le vif ou la description de ce que font nos deux héros, l'auteur installe une ambiance vraiment spéciale, sombre, une indubitable tension; Cormac McCarthy n'a pas besoin d'écrire le mot "angoisse" pour qu'on la ressente à chaque instant, il lui suffi de placer quelques regards en arrière sur la route ou sur les côtés pour que l'on comprenne cette sensation d'alerte liée à la survie. Et malgré les maigres descriptions, nous visualisons très bien ce monde ravagé dans lequel évoluent les protagonistes. Les dialogues sont pauvres et intégrés au reste du récit, sans distinction; c'est troublant au début, mais encore une fois: on s'y fait. L'austérité du texte et de l'univers est assez fascinante, il en ressort un message poignant pour la préservation de la planète.
À noter qu'il faut saluer le travail de traduction de François Hirsch, ça n'a pas dû être évident du tout: bravo !

Le climat de peur de ce roman et la manière dont il nous est raconté sont vraiment intéressants, j'ai été absorbée par ma lecture sur une terre ruinée qui fait froid dans le dos; c'est un texte inquiétant et profondément captivant. Je suis maintenant curieuse de découvrir si l'adaptation cinéma de ce livre a su retransmettre cette émotion particulière !
 
* Parlons Couverture *

Il existe de nombreuses éditions de ce roman: l'une avec, en couverture, l'affiche du film de John Hillcoat, une avec la photo d'un Caddie au pied d'un arbre (un objet important du roman), et tant d'autres; ce roman a le potentiel d'avoir des couvertures absolument incroyables... mais j'aime la revendication du style épuré de l'édition présentée ici: un fond blanc, le nom de l'auteur, le titre (parce qu'il en faut bien un), la maison d'édition, et cette mention du prix Pulitzer 2007 qu'a reçu cet ouvrage et qui semble être posée là pour la forme; on ne pouvait pas faire moins, c'est dépouillé à l'extrême, et pourtant j'adore !


Citations:

* On oublie ce qu'on a besoin de se rappeler et on se souvient de ce qu'il faut oublier.

* Quand tu rêveras d'un monde qui n'a jamais existé ou d'un monde qui n'existera jamais et qu'après tu te sentiras de nouveau heureux, alors c'est que tu auras renoncé.

* Peut-être que dans la destruction du monde il serait enfin possible de voir comment il était fait. Les océans, les montagnes. L'accablant contre-spectacle des choses en train de cesser d'être.


Suzy Bess. 

Commentaires

  1. Je l'ai lu et j'avais, comme toi, était surpris par le style d'écriture. mais ça n'empêche pas le roman d'être glaçant en effet !

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