Jane Eyre


Jane Eyre
Titre original: "Jane Eyre"
Auteure: Charlotte Brontë
Editeur: Presses Pocket
Traduit par: Sylvère Monod
Préface et commentaires de: Catherine Lanone et Hubert Teyssandier
Nombre de pages: 736

* Quatrième de Couverture *

Lire et voir les classiques: la collection de référence qui allie le texte et l'image. Dans chaque volume, le texte intégral, un préface, un dossier historique et littéraire, un cahier iconographique en couleurs.

Depuis sa publication en 1847, "Jane Eyre" n'a jamais cessé d'être l'un des romans anglais les plus célèbres et les plus admirés. Ce drame de la solitude et de la servitude, baignant dans un inoubliable climat d'étrangeté, est ici étudié sous tous ses aspects grâce à une documentation en partie inédite en français: réactions à la publication du livre, correspondance, articles de presse et extraits de romans de l'époque.
  
* Mon Avis *
Coup de Coeur

Après les oeuvres de Jane Austen, il n'est de roman que j'aime tant que "Jane Eyre", de Charlotte Brontë.

Depuis la mort de ses parents, Jane Eyre est élevée à Gateshead par Mrs Reed, sa tante qui la déteste et ignore délibérément les maltraitances dont elle est victime de la part de son cousin. A ses dix ans, elle est envoyée en pension à Lowood, un école insalubre où les élèves travaillent aussi durement qu'elles sont peu nourries. Huit ans plus tard, Jane est engagée comme gouvernante à Thornfield, un manoir appartenant au sombre monsieur Rochester, où elle va avoir à charge l'éducation d'une fillette française, Adèle. Au fil du temps qui passe, la jeune femme s'attache de plus en plus aux habitants de Thornfield, et en particulier à son patron, tout farouche qu'il est; malheureusement, la demeure recèle un terrible mystère que la jeune femme est tout près de découvrir.

"Jane Eyre" est un roman fabuleusement bien écrit; mêlant un côté gothique à une romance passionnante, il est raconté sous la forme d'une biographie et aborde avec impétuosité les thèmes de la pauvreté, des convenances à respecter sous le règne victorien, et de la recherche de liberté et de bonheur à une époque où les statuts, les titres et les richesses définissaient les gens. C'est un roman intelligent et écrit avec une passion que l'on ressent à chaque instant.
Jane est une héroïne qui ne ressemble pas aux autres: Charlotte Brontë casse les codes du XIXème siècle en nous présentant une jeune femme laide, indépendante, audacieuse et professionnellement active; son passé est sa faiblesse, elle est tourmentée mais forte, on s'attache profondément à elle. Monsieur Rochester, lui, est tout aussi laid et de nature sauvage, brusque, cependant son intelligence et la complicité qui, rapidement, le lie à notre héroïne le rendent tout de suite intéressant et même séduisant.
Tout est fait pour que l'on ne veuille plus lâcher ce livre: du tragique de la vie de Jane, des afflictions qu'elle subit avec dignité les unes après les autres, on passe par de la romance dont les déclarations d'amour comme les ruptures sont absolument sublimes; des pérégrinations de l'héroïne aux récits intérieurs, l'histoire va toujours au fond des sentiments de cette gouvernante et de ses idées féministes, et, en peu de mots, il nous est permis de comprendre également ceux des personnes qui l'entoure. Le récit torturé est parfois rehaussé de notes d'humour - surtout lorsque Jane et M. Rochester conversent ensemble - qu'il est agréable de ressentir, mais vraiment chaque ligne nous donne envie d'aller plus loin et ce ne sont pas les secrets de Thornfield qui modifieront cela !

A la fin de cette édition, un dossier historique nous permet de comprendre la conception de ce roman - s'il paraît tellement authentique, c'est que l'écrivaine a elle-même vécu certaines des épreuves que rencontre sa protagoniste principale -, son accueil par la critique et l'historique global de la vie des Brontë; c'est vraiment très intéressant !

Cela fait maintenant plusieurs fois que je lis ce récit, et je ressens à chaque fois le même enthousiasme, la même exaltation, que lors de ma première lecture ! J'aurai tant à dire et pourtant il me serais impossible de retranscrire mon sentiment exact envers cette histoire. Je crois que je ne me lasserai jamais de lire "Jane Eyre"; ce roman est puissant, intelligent et émouvant !
 
* Parlons Couverture *

Cette collection se spécialise dans la lecture de classiques en intégrant quelques pages imagées - que l'on trouve en milieu d'ouvrage -, nous avons en conséquence une couverture peu conventionnelle, pas très jolie mais intéressante. Nous découvrons les premières lignes du roman avec, de haut en bas: le portrait de Charlotte Brontë; une vue de Haworth, où elle vécu avec sa famille; une peinture de Richard Redgrave, "La Gouvernante Pauvre", représentant l'isolement de ces femmes qui n'étaient considérées ni comme des membres de la famille, ni comme des domestiques; et une image de l'adaptation de 1944 montrant Joan Fontaine en Jane Eyre (Orson Welles jouait alors M. Rochester).



Citations:

* - Si le monde entier te haïssait et te tenait pour méchante, alors que ta propre conscience t'approuverait et t'absoudrait de toute faute, tu ne serais pas sans amis.

* Quand je croyais à quelque chose j'avais envie de le voir.

* Il est vain de prétendre que les êtres humains doivent se satisfaire de la tranquillité; il leur faut du mouvement; et s'ils n'en trouvent pas, ils en créeront.

* Les pressentiments sont d'étranges choses, de même que les sympathies et les présages; les trois réunis constituent un seul et même mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clef. Jamais de ma vie je ne me suis moquée des pressentiments, car j'en ai moi-même éprouvé d'étranges. Il existe, je crois, des sympathies dont le mécanisme déroute l'intelligence humaine (par exemple entre des parents très éloignés, séparés depuis longtemps, complètement détachés l'un de l'autre, mais qui se reconnaissent, malgré leur désaffection, la source unique à laquelle remonte l'origine de chacun). Quant aux présages, pour autant que nous le sachions, ils ne sont peut-être que la manifestation d'une sympathie entre la nature et l'homme.

* - On peut exprimer autant de sentiment en un mot qu'en cent, si c'est un mot venu du coeur.

* La sensibilité sans le jugement n'est en vérité qu'une potion bien insipide; mais le jugement qui n'est pas tempéré par la sensibilité est une substance trop amère et trop rugueuse pour pouvoir être avalée par un gosier humain.

* - Merci, monsieur Rochester, de votre grande bonté. Je suis étrangement heureuse de me retrouver avec vous; car l'endroit où vous êtes, quel qu'il soit, est celui où je suis chez moi, le seul où je sois chez moi.

* Il n'est pas de plus grand bonheur que d'être aimé par son prochain et de sentir qu'on contribue par sa présence à la satisfaction d'autrui.

* Au nombre de mes imperfections figure celle-ci: si ma langue est parfois assez prompte à la riposte, il y a des moments où elle me fait cruellement défaut pour ce qui est d'inventer une excuse; et ces défaillances se produisent toujours à un moment critique, quand j'aurais particulièrement besoin d'un mot aisé ou d'un prétexte plausible pour me tirer d'un embarras pénible.

* - Les êtres humains ne goûtent jamais un bonheur parfait en ce monde. Je ne suis pas née pour connaître un destin différent de celui du reste de l'espèce.




Suzy B.

   

Commentaires

  1. Très belle chronique! Que les élans du coeurs sont durs à retranscrire ❤ Je le réalisais volontiers encore et encore.

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    1. Merci ! Oui, tu m'en parlais justement il y a quelques jours, c'est vraiment compliqué ! ^^ A relire sans modération, en effet. ;)

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  2. ça donne envie d'en tenter la lecture. Le dernier film en date me tentait beaucoup en tout cas. Et en effet, qu'il est laid Michael Fassbender !^^

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    1. Lance-toi sans hésitation ! Tu remarqueras que je n'ai pas évoqué Fassbender dans cet article, alors qu'il ne cesse de m'envoyer des message subliminaux, comme tu me l'as si bien fait remarquer... ^^

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