"La Sauvage Apprivoisée; Tout est Bien qui Finit Bien", William Shakespeare

   La Sauvage Apprivoisée  
   Tout est bien qui finit bien  
William Shakespeare
Titres originaux: "The Taming of the Shrew"; "All's Well That Ends Well"
Auteur: William Shakespeare
Éditeur: RBA France
Traduit de l'anglais par: François-Victor Hugo
Préface de: Jean-Pierre Villquin
Nombre de pages: 335

* Résumé *

Farce à l'action trépidante et fable populaire à la trame romanesque, ces pièces que François-Victor Hugo a réunies sous la division thématique « Les Comédies de l'amour » sont deux tragicomédies dans lesquelles l'amour se manifeste principalement par la brutalité et le mensonge.
Outre l'introduction de François-Victor Hugo, vous trouverez dans ce seizième volume des œuvres complètes de Shakespeare, une préface de Jean-Pierre Villquin, maître de conférences retraité en Littérature et Civilisation de la Renaissance anglaise, université de Nantes.

* Mon Avis *

Il est agréable de retrouver le style de Shakespeare - je l'avais délaissé depuis trop longtemps -, même si ces deux pièces ne m'ont pas particulièrement fascinées.

Dans cet ouvrage, deux pièces, donc, assez différentes et qui pourtant se répondent l'une à l'autre:
- "La Sauvage Apprivoisée" nous présente avec originalité une pièce dans une autre pièce. Le prologue, de l'ordre de la tragédie, ouvre le texte; il y est question d'un ivrogne profondément endormi enlevé par un lord qui passait par là et qui tient à lui jouer un mauvais tour: lui faire croire, à son réveil, qu'il est un riche et important seigneur. Vient ensuite l'histoire principale: Catharina et Bianca, filles d'un riche gentilhomme de Padoue, sont en âge de se marier. Si la seconde, et plus jeune, a de nombreux prétendants, son père refuse cependant de la marier tant que sa sœur aînée ne le sera pas. Mais un problème se pose: si Bianca paraît tel un ange, pleine de douceur et de soumission, Catharina, elle, tient plus du démon avec sa violence et sa verve blessante. Petruchio, nouvel arrivant dans la ville, a pourtant bien l'intention de l'épouser, même s'il doit agir par la ruse pour l'amadouer.
- Dans "Tout est bien qui finit bien", Hélène, fille d'un pauvre médecin décédé, est follement éprise de Bertrand, fils de la comtesse qui a fait de la jeune fille sa protégée. Mais Bertrand, imbu de sa position dans le monde, n'a que trop conscience de l'infériorité d'Hélène et ne songe pas à la prendre pour femme. Lorsque les circonstances l'y obligent, il préfère s'enfuir à l'étranger et s'engager dans une guerre plutôt qu'être forcé à aimer Hélène. Celle-ci est cependant déterminée à faire valoir ses droits d'épouse et va tout tenter pour se rapprocher de lui.

Ces deux pièces sont dans le plus pur style shakespearien, et il est délicieux de retrouver cet art du tragique et de la comédie - l'un n'allant ici pas sans l'autre -, si bien associés l'un à l'autre. Mais Jean-Pierre Villquin le précise dans sa préface, la situation de la première pièce, notamment, "ferait bondir les féministes d'aujourd'hui". Effectivement... Bien que tout doit être replacé dans son contexte, certaines facettes de ces deux textes m'ont gênées, et bien que je reconnaisse indubitablement la force d'exécution et l'étendue imaginative du dramaturge, je n'ai que peu su me détacher de cette impression malaisante qui a accompagné ces deux lectures. Je reste admirative de la puissance de caractère que Shakespeare a insufflé à ses personnages, autant à ceux que l'on apprécie qu'aux autres, du genre détestable; de plus, la construction du récit est, comme toujours chez lui, absolument incroyable, pleine de retournements de situations et de manigances; le tout est si vivant, j'adore cet aspect de la plume de l'auteur !

Mais malgré les nombreuses qualités de ces œuvres, le moins bon reste plus vivace dans mon esprit et c'est sans doute avec une pointe de dépit que je m'en souviendrai.
 
* Parlons Couverture *

Comme le reste de la collection des Œuvres Complète: une reliure rouge dans un papier qui rappelle presque du tissu, un superbe cadre et titrage dorés font de cet ouvrage une joli ouvrage qui rend définitivement très bien dans une bibliothèque; je suis toujours sous le charme. Une maquette de couverture signée Manon Bucciarelli.

Citations:

La Sauvage Apprivoisée:
* Sly - Laissez filer le monde: nous ne serons jamais plus jeunes.

* La Veuve - Celui qui est étourdi croit que le monde tourne en rond.

Tout est bien qui finit bien:
* Lafeu - Il a [...] épuisé le temps en espérance, sans recueillir [...] d'autre avantage que la perte de toute espérance avec le temps.

* Lafeu - Une affliction modérée est une dette envers les morts; une douleur excessive est l'ennemie des vivants.
La Comtesse - Si les vivants combattent résolument la douleur, elle meurt vite de son excès même.

* La Comtesse - Aime chacun, fie-toi à peu, ne fais tort à personne.

* Hélène - L'ambition de mon amour en est le supplice. La biche qui voudrait s'unir à un lion est condamnée à mourir d'amour.

* Hélène - Souvent la prévision manque le but, au milieu des plus belles promesses; et souvent elle l'atteint, au milieu des plus froides espérances, quand le désespoir est à son comble.

* Le Roi - Ce que le sens commun repousse comme impraticable, un sens supérieur le replace dans le possible.

* Premier Seigneur - Quand nous sommes nous-mêmes, que sommes-nous !

Suzy Bess.
   

Commentaires

  1. Il est rare de trouver des textes d'époques qui ne fasse pas bondir sur un point ou un autre. D'où l'intérêt de toujours connaitre le contexte d'une oeuvre^^. Et en effet, c'est le cas pour Shakespeare. Pour Robert E. Howard aussi. Et Lovecraft. Et King... et tout le monde en fait^^.

    Mais je n'avais jamais entendu parler de ces 2 piéces.

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