[Des Pages À Lire] "La Peau sur les Os", Stephen King


     La Peau sur les Os     
Stephen King (alias Richard Bachman)
Titre original: "Thinner"
Auteur: Stephen King (Richard Bachman)
Édition: Le Livre de Poche
Traduit de l'anglais par: François Lasquin
Nombre de pages: 448

* Quatrième de Couverture *

Maigrir, Billy Halleck ne demandait pas mieux. Ses cent dix kilos n'étaient-ils pas le seul problème de ce paisible avocat, mari et père comblé, dans sa petite ville du Connecticut ?
Et puis un vieux chef gitan l'a touché du doigt en lui disant: « Maigris ! » Après avoir tué accidentellement une femme du clan, Billy venait quasiment d'être innocenté par ses amis les notables, juge et policier...
De fait, Billy se met à maigrir de façon alarmante. Jusqu'au moment où il comprend qu'il est victime d'un maléfice, vengeance impitoyable des gens du voyage méprisés et chassés de partout dans l'Amérique des « hommes blancs de la ville ».
Quelques semaines plus tard, il ne reste de lui qu'un fantôme hagard, au bord de la folie, menant un dernier combat avec son seul ami, un mafieux sicilien, pour tenter de lever le sortilège...
 
* Mon Avis *

Encore un roman particulièrement captivant pour Stephen King.

Par accident, William - Billy - Halleck a percuté avec sa voiture une vieille femme gitane qui traversait la rue. Elle est morte sur le coup. Mais le policier en charge de l'affaire ne pousse pas son enquête bien loin et le juge, partenaire de golf de Billy, le disculpe de toute charge. À la sortie du tribunal, un vieil homme gitan attend William et lui touche la joue en prononçant un unique mot: « Maigris ! » Et Billy Halleck, qui jusque là avait toujours souffert d'obésité, va voir ses plus de cent douze kilos fondre à une vitesse fulgurante, le nombre sur la balance diminuant encore et toujours, trop rapidement pour que ce soit naturel. Persuadé d'être sous le coup d'un maléfice, William se lance alors à corps perdu en quête du vieux chef gitan qui l'a touché.

Maléfices et mauvais sorts... il y a ceux qui y croient et ceux qui vont chercher à trouver des explications rationnelles à des situations inexplicables. Avec cette histoire, Stephen King nous place face à ce choix: croirons-nous au sortilège ou chercherons-nous une bonne excuse ? L'hésitation nous travaille tout au long des pages, oui, autant que sa subite perte de poids travaille Halleck. Que j'aime quand cet état d'indécision s'installe en surface alors que notre conviction profonde a déjà fait son choix ! Si l'angoisse monte par paliers tout au long du roman, celui-ci m'a d'abord paru plutôt soft pour une œuvre de cet auteur; mais c'était avant de découvrir la partie finale, absolument glaçante - jamais, de ma vie, je ne pourrai manger une tourte aux fraises maintenant que j'ai lu ça, jamais !
D'abord dans la réflexion, le récit s'intensifie à mesure que l'action s'immisce dans l'intrigue jusqu'à devenir l'attrait principal de l'histoire; ce qui était introspection devient quête puis règlement de comptes. En plus de son histoire, ce roman a également d'intéressant les messages qu'il veut faire passer: la notion de justice, de justicier, de culpabilité est travaillée; Stephen King confronte victime et bourreau, manipule ces statuts, tend à les inverser, et la conscience entre le bien et le mal se trouble toujours plus. Mais l'auteur appuie aussi sur le sujet de la discrimination subie par la communauté des gens du voyage, un racisme qui perdure encore de nos jours malheureusement partout dans le monde; l'exécution est peut-être parfois un peu maladroite, mais la dénonciation est percutante et a le mérite d'exister.

Une excellente lecture, donc, dont je me souviendrai probablement pendant un moment !
 
* Parlons Couverture * 

Joli totem, j'aime beaucoup ! Cependant - et je ne m'avancerai pas trop sur un sujet que je ne maîtrise pas -, il me semble qu'il peut y avoir confusion de peuples... Ce totem, photographié ici par Harald Sund au Saxman Totem Park, Alaska, est un totem traditionnel du peuple Tlingit et Haida, des tribus indigènes d'Alaska. La culture est peut être semblable à celle des gitans sur certains points, je ne sais pas, mais le groupe que nous suivons dans ce récit ne semble pas faire partie de ces tribus.
L'idée est bien trouvée, mais j'aurais sans doute préféré une caravane ou la représentation d'un homme squelettique. Et voici les nombreuses couvertures que l'on peut trouver pour ce roman:


Citations:

* Tuer une vieille, c'est épatant pour la concentration. Votre fierté en prend un coup et ça vous vaut des cauchemars qui ne sont pas piqués des hannetons, mais ça stimule méchamment vos capacités d'attention.

* Ainsi, se disait Billy, quoique nous voudrions tous croire à la singularité de nos affects, nos réactions face à l'adversité ne diffèrent pas tant que cela.

* - Je suis bien placé pour savoir qu'il n'existe pas de mal absolu ou de bien absolu. Rien n'est tout à fait blanc ni tout à fait noir, il n'y a qu'une infinie variété de gris, qui vont du plus clair au plus foncé.

* - Ce qu'il y a de pire avec les problèmes, c'est qu'ils n'arrivent jamais seuls. Ils vous tombent dessus par paires, par trios, ou par wagons entiers.

* Des yeux d'un autre âge ? Non, ils étaient à la fois plus et moins que cela. Ces yeux étaient un abîme ténébreux; leur réalité foncière, c'était le vide, et non l'intelligence qui luisait à leur surface comme le reflet de la lune sur un lac noir. Un vide aussi complet, aussi insondable que celui des espaces intergalactiques.

* - Vous savez, la plupart des gens ne croient pas à ce qu'ils voient.
- Non ?
- Non. À moins que ça ne cadre avec les convictions qu'ils avaient déjà.

* On souffre toujours plus quand on est seul.

* Ces histoires-là, ça n'a pas de fin. On finit même par oublier comment elles ont commencé. D'abord, on en discute à perte de vue, mais au bout d'un certain temps plus personne n'est capable de démêler les torts des raisons, et d'ailleurs tout le monde s'en fiche. On continue, c'est tout. Chacun rend la monnaie de sa pièce à l'autre. Œil pour œil, dent pour dent. Ils nous en tuent un, on leur en tue deux. Ils nous bombardent un aéroport, on leur fait sauter une école. Et le sang coule à flots. Oui, des torrents de sang. Car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Le sang...

* - Le vrai maléfice, c'est la vie.

Suzy Bess.
   

Commentaires

  1. C'est sûrement le roman de Richard Bachman qui ressemble le plus à du King^^

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