"Falalalala", Émilie Chazerand


Falalalala
Auteure: Émilie Chazerand
Éditeur: Sarbacane
Nombre de pages: 420

* Quatrième de Couverture *

On pourrait vous dire que ce roman est un véritable réservoir d'histoires folles, belles, humaines, hilarantes, bouleversantes, un conte d'aujourd'hui qui vous arrachera des torrents de fous rires et de larmes...
... mais on va se contenter de chanter que ce roman est
Falalalalesque !

L'histoire
Chez les Tannenbaum, on est petit.
Trois générations d'achondroplases, soit sept naines, gèrent Tannenland, le paradis des êtres miniatures.
Deuxième curiosité alsacienne après la cathédrale de Strasbourg, cette famille n'a rien d'ordinaire.
Sauf peut-être Richard, 19 ans, le seul garçon de la tribu. Le seul grand, aussi...
 
* Mon Avis *
Coup de Cœur !

Je tourne la dernière page de ce roman et... oui, pas de doute: c'est un énorme coup de cœur !

Richard, 19 ans, 1m98, ne vit pas dans un monde à sa taille. Car à Tannenland, la ferme alsacienne où il a grandi, tout est pensé pour favoriser l'existence des sept femmes achondroplases (c'est-à-dire naines) de sa famille. À tel point que leur lieu de villégiature est devenu une véritable attraction où affluent les touristes en quête de curiosités. La vie du jeune homme n'est pas de tout repos au milieu des sept fortes personnalités des femmes de sa vie: une grand-mère qui ne l'a jamais accepté, tante et grand-tante qui laissent aller mais n'ont pas leur langue dans leur poche, sa mère qui lui ment depuis toujours sur son père inconnu, et ses trois cousines au tempérament explosif, surtout Ludovika, qui vient d'apprendre une nouvelle qui va bouleverser l'existence entière des Tannenbaum.

Imaginez: votre vie vous semble monotone, routinière, banalement normale... Et vous le vivez bien ! Ou pas. Puis un jour, vous décidez falalalalesquement de vous rendre au bord d'une falaise surmontant une mer houleuse (fonctionne aussi avec une montagne abrupte, un peu moins avec un champ rempli de vaches qui vous fixent curieusement... Bref, vous visualisez un espace naturel où la liberté est synonyme de dépaysement sauvage). Le ciel est nuageux, mais une percée laisse glisser un rayon de soleil pile à l'endroit où vous vous trouvez. Vers l'horizon, la tempête se lève et souffle un vent frais dans votre direction. Vous fermez les yeux, la tête levée vers le ciel: la lumière sur vos paupières closes semblent envelopper votre être tout entier d'une aura protectrice; vous ouvrez les bras: les légères rafales poussent votre corps vers l'intérieur des terres, vous laissant rêveur de pouvoir vous envoler tel un oiseau (mais vous ne songez pas à tenter la chose: vous n'êtes pas suicidaire !). Soudainement, vous inspirez une grande bouffée d'air: les milles odeurs de la nature, la fraîcheur de cet air et la douceur de sa texture vous emplissent à vous en donner le tournis. Et vous vous dites que c'est bon. Si bon ! C'est un peu l'effet que m'a donné ce roman.
On commence par rire (beaucoup - durant toute notre lecture, en fait), puis à la fin on se retrouve en larmes, et on rit en pleurant (ou on pleure en riant). Même les remerciements m'ont émue aux larmes. Outre le fait que "Deck the halls" ("...with boughs of holly, falalalala lalalala, 'Tis the season to be jolly, falalalala lalalala...") soit l'une des mes chansons de Noël préférée - et donc que j'adore le titre de ce livre -, que chaque chapitre ait pour titre d'autres chansons de Noël (ce qui nous fait une playlist d'enfer si on veut se mettre dans l'ambiance, d'autant plus que l'auteure propose une bande-son en début d'ouvrage), que falalalala soit la nouvelle manière de schtroumpfer du supercalifragilisticexpialidocious (traduction: le nouveau terme pour expliquer quelque chose quand on ne trouve plus ses mots), il y a surtout que les personnages de cette histoire sont, au même titre que la plume d'Émilie Chazerand, aussi captivants qu'attachants. Les membres de la famille Tannenbaum sont nombreux, mais cette profusion n'est pas perturbante puisqu'un arbre généalogique présent en tout début de roman peut nous aider à nous y retrouver et que les personnalités sont si diversifiées qu'on a vite fait de reconnaître chacun d'entre eux; si certains protagonistes se démarquent avec évidence, apprêtez-vous à être surpris par l'attachement que vous finirez par ressentir envers les personnages secondaires !
Vivant et humaniste, ce récit qui semble léger au premier abord se révèle bien plus profond en nous révélant le passage de l'adolescence à l'âge adulte de Richard, mais "Falalalala" ne se contente pas d'un seul sujet: il en aborde tout un tas qu'il serait difficile d'énumérer ici.

Des références à la pelle viennent agrémenter l'humour absolument exquis de l'auteure, en plus de réparties géniales et d'un mini-dictionnaire (au fil des pages) d'expressions locales pour, au final, livrer un roman pétillant et tendre à la fois, où chaque page fleure bon le parfum des gâteaux alsaciens. N'hésitez pas une seconde à découvrir ce roman ! Il est falalalalesque !
 
* Parlons Couverture *

J'adore cette couverture, sa couleur, son titre s'étalant sur toute la surface et me donnant envie de chanter, ses petits éléments apparaissant ici et là... Parallèlement, je n'arrive pas à me dire qu'elle est totalement représentative de l'histoire, de ses personnages. Et alors qu'on tient un roman tout public, je me dis que cette couverture ne parlera qu'à une palette réduite de lecteurs. Mais j'aime quand même !


Citations:

* Un cerveau humain pèse environ 1.5kg, et engendre approximativement 7 263 872 milliards de questions par an.
Dès que ce petit organe rose et spongieux sort de sa période de rodage pour fonctionner à plein régime, nous nous mettons à entailler, déchiqueter et décortiquer infatigablement notre petit quotidien avec les petits scalpels tranchants de nos existentielles et souvent stériles interrogations.
Nous déambulons sur les trottoirs de notre conscience, tranquilles, habités seulement de nos émotions habituelles, quand soudain ils surgissent, tel un prédateur sexuel jaillissant du local à poubelles de notre psyché.
"Ils": les "pourquoi", les "et si" et autres "est-ce que".
Et là, c'est déjà foutu.
Qui suis-je, pourquoi-je et Dieu dans tout ça ?

* "La vie est courte", c'est certainement la formule la plus connue après E=MC2. Elle est ultra-commode, justifie à peu près le moindre de nos choix et donne un alibi à tous les débordements imaginables. En dépit du gigantesque potentiel de ridicule ratatiné dans cette minuscule expression poncée jusqu'au trou, elle n'en est pas moins vraie. Implacable.

* - Ludovika, elle avale des tas de bouquins. Pièces de théâtre, essais, nouvelles, elle a tout le temps un livre à la main et des citations en tête. Si on la scalpait, on trouverait une bibliothèque dans son crâne, c'est certain ! Quand elle est dans sa chambre et moi dans l'atelier, si sa fenêtre est ouverte, je peux l'entendre rire. Elle rit seule. Et ça fait sourire toute la maison. Et puis parfois, comme ça, elle pleure à gros bouillons. Le nez dégoulinant entre deux pages, elle se mouche dans tout un chapitre. Elle vit des trucs qui m'échappent ! Qui nous échappent à tous. Elle est dense, complexe, multiple. Jamais limpide, cernée, finie... Elle traverse d'autres vies que la sienne. Elle est pleine de gens et de mondes et de paysages...

* On ne parle jamais plus librement que lorsqu'on se croit mal écouté.

* Dans ce monde chaotique et perturbé, on peut heureusement compter sur la constance des emmerdeurs pour offrir de solides repères.

* - Je crois qu'il faut avoir des ambitions à sa taille.

* Est-ce que la vie a le même goût, la même couleur et la même densité lorsqu'on sait qu'elle n'est qu'un après ?

* On ne prend pas toujours la peine, quand on vit ensemble jour après jour et ce des années durant, de regarder vraiment ceux qui nous entourent.


Suzy Bess.
  

Commentaires

  1. Eh bien ! c'est que ça donne envie tout ça ! Je ne sais pas encore quand je vais le lire mais il va falloir que je le fasse rapidement. Un avis sacrément bien écrit qui vaut toutes les critiques du monde^^

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    1. Quel compliment, merci David ! Je pense vraiment que tu vas aimé ce roman, alors profite bien ! ;)

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