"Nuage Bleu sur Ciel de Craie", de Martine Marie Muller


Nuage Bleu sur Ciel de Craie
Auteure: Martine Marie Muller
Editeur: Presses de la Cité
Nombre de pages: 427

Je remercie Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cette lecture,
lue dans le cadre de la Masse Critique Babelio. 

Quatrième de Couverture

Alice et Lana. duo inséparable que la guerre et les privations ont lié depuis l'enfance. En ce début des années 1950, la présence des GI's embrase la vie locale. Ce qui fait le bonheur de la douce Alice qui tient la Snack Bar à Rouen et de l'irrésistible Lana, experte en charme et marché noir. Parmi les soldats, il y a Bayard SaintMartin. Enfant des bayous, il ne s'attendait pas à hériter un jour d'une vaste ferme normande. Encore moins d'un cadavre... Pour les beaux yeux d'Alice et de Lana, et par amour pour cette terre pittoresque qui deviendra sienne, Bayard, le bien-nommé, va mener son enquête. Remontent alors en lui les souvenirs douloureux de sa jeunesse en Louisiane, auxquels se mêlent bientôt les remugles des années noires de l'Occupation... Un roman généreux dédié à une jeunesse en quête de dignité.
 
Mon Avis

Ce roman est un touche-à-tout traitant de plusieurs sujets. De par cette diversité, je referme ce livre en ne sachant qu'en penser...

Le notaire du village de Bonsecours, près de Rouen, contacte Bayard SaintMartin, GI américain ayant vécu quelques temps sur place durant la seconde Guerre Mondiale, pour l'informer d'un fait étonnant: Malandain, un homme solitaire que Bayard a furtivement rencontré à l'époque et à qui il avait raconté toute son histoire, est décédé et lui lègue sa ferme. Se rendant sur place avec la ferme intention d'y vivre paisiblement, Bayard va être confronté à plusieurs obstacles. Le premier: un cadavre est retrouvé dans un étang boueux situé sur ses désormais terres. Le second: les villageois sont emplis de préjugés envers l'homme noir qui vient leur "voler" leur patrimoine. Le troisième: Alice et Lana, deux jeunes et jolies jeunes femmes que tout opposent mais liée d'une solide amitié lui font tourner la tête.

"Nuage Bleu sur Ciel de Craie" est un roman policier qui n'en a pas l'air. Se déroulant durant l'après-guerre, il évoque non-seulement les détails de la reconstruction post-Occupation - avec ces camps de GI's implantés dans les villes, comme celui de Lucky Strike, favorisant le marché noir et un certain relèvement de la population -, mais aussi la ségrégation raciale outre-Atlantique ou en France - Bayard étant un américain à la peau noire -, ou encore la corruption politique... Cet éclectisme m'a bien souvent fait me demander où l'auteure voulait emmener le lecteur.
La narration n'est pas conventionnelle, on découvre au fil des pages que le récit est écrit et relaté par l'un des fils de Bayard, et qu'il s'agit d'une sorte de témoignage romancé. Là où le narrateur n'a pas eu de réponses, il imagine par déduction certains faits. Le rendu est assez singulier, en vérité, et je ne suis pas certaine d'avoir apprécié cette façon de faire. Mais c'est la première fois que je lis un récit raconté de cette manière, cela m'a donc forcément un peu troublée. Nous découvrons également le point de vue du personnage décédé, ce qui est intéressant: cela rend le récit plus intrigant et ajoute l'envie de connaître le fin mot de l'histoire, tout en nous en apprenant plus sur le passé de certains protagonistes. En parlant du mort, l'enquête le concernant n'est pas forcément le sujet principal du roman, même s'il celle-ci réunit tous les personnages, elle passe au second plan. Ce n'est pas dérangeant, ça s'intègre naturellement au reste.
Le ton global, lui, varie beaucoup: on a quelques moments joyeux, d'autres d'espoirs, mais aussi bien souvent une ambiance assez morne, pour ne pas dire pessimiste. Le roman dénonce particulièrement la corruption des forces de police et des politiciens, plusieurs autres jugements viennent s'y ajouter, ce qui ôte de la gaieté et rend l'ambiance plutôt oppressante.
La psychologie des personnages est véritablement bien construite, ils sont nombreux et sont l'histoire que nous lisons, tout comme le pays normand d'ailleurs. C'est, à mes yeux, ce qui a le plus rendu ce roman captivant. L'auteure éveille notre curiosité par des sous-entendus ou des informations volontairement dissimulées: le docteur d'Harcourt et Jules m'ont particulièrement intriguée.

Un roman intéressant, donc. L'atmosphère et la narration peuvent être assez perturbantes, avec un spleen bien présent, mais la plume détaillée de Martine Marie Muller est d'une qualité indéniable et les héros principaux sont attachants.
A noter également que désormais, j'ai très envie de posséder un canapé Chesterfield bleu azur...



Citations:

* Est-ce lui qui contemple le monde, ou le monde qui, narquois et indifférent, observe un survivant ?

* "Je crois aux épreuves qui nous rendent meilleurs quand nous y survivons."



Suzy B.

  

Commentaires

  1. C'est bien de tenter de nouvelles approches d'écritures. Et il faut toujours un certain temps pour s'y habitué. Mais des fois ça ne marche pas^^. Moi il m'arrive de voir des films dont je ne sais pas quoi penser et ça m'énerve aussi...

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    1. Oui, c'est vrai, et j'aime les auteurs qui osent le faire. En tout cas c'est assez perturbant comme sensation.

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