Moby Dick


Moby Dick
Titre Original: Moby Dick, or The Whale
Auteur: Herman Melville
Editeur: Garnier-Flammarion
Traduit de l'américain par: Henriette Guex-Rolle
Nombre de pages: 576

Résumé

"Moby Dick" (1851), le chef d'oeuvre de Melville, est l'histoire d'une obsession: depuis qu'un féroce cachalot a emporté la jambe du capitaine Achab, celui-ci le poursuit sans relâche de sa haine. Ismaël, matelot embarqué à bord du baleinier le Péquod, se trouve pris peu à peu dans le tourbillon de cette folle vengeance: c'est par sa voix que se fera entendre l'affrontement final de l'homme et du grand Léviathan blanc.
 
Mon Avis

"Moby Dick est un chef-d'oeuvre." J'ai souvent lu cette phrase mais, on le sait, tant que l'on n'expérimente pas nous-même, on reste empli de doutes... Maintenant que je l'ai découvert, je comprend: oui, ce livre est un monument.

Ismaël, jeune homme solitaire, s'embarque à bord du Péquod, un navire baleinier en partance pour une saison de chasse qui doit durer trois ans. Accompagné de son nouveau grand ami Queequeg, un harponneur cannibale rencontré peu de temps auparavant, Ismaël va vivre des péripéties toutes plus intenses les unes que les autres. C'est une fois embarqué seulement, et sans retour au port envisageable, que le mystérieux capitaine Achab se montre et fait une proposition des plus insolites aux hommes d'équipage: quiconque signalera une baleine blanche, LE terrible cachalot blanc que l'on nomme Moby Dick, remportera une précieuse pièce d'or. Mais les semaines défilent sans que Moby Dick soit repéré et Achab ne semble pas près de baisser les bras; à mesure des rencontres avec d'autres navires, auxquels il est inlasssablement demandé s'ils ont aperçu la baleine blanche, des chasses et autres aventures, Ismaël le narrateur nous dévoile toutes ses connaissances sur les cétacés, sur les matelots qui l'entourent et sur ce sombre capitaine à qui il manque une jambe...

Ma lecture de cet ouvrage fut longue car le texte est lourd. Je n'ai jamais rien lu d'aussi détaillé, développé. Herman Melville ne nous sert pas seulement une histoire, il l'entrecoupe d'une étude complète des baleines en précisant leurs formations organiques, leurs mensurations, régimes alimentaires, caractères, ce qui les différencie les unes des autres, jusqu'à leur place dans l'Histoire... Au cours de 136 chapitres, dans un ouvrage de 576 pages qui m'a paru en faire le double, l'auteur passe par tous les états et l'avoue lui-même par la voix d'Ismaël: "On entend souvent dire de certains auteurs qu'ils font mousser leur sujet et qu'ils le gonflent. Qu'en est-il alors de moi qui écris sur le léviathan ? Malgré moi, mon écriture s'enfle en caractères d'affiches. Qu'on me donne une plume de condor et le cratère du Vésuve pour l'y tremper ! Amis, retenez mes bras ! car le seul fait d'écrire mes pensées sur le léviathan m'accable de fatigue et me fait défaillir dès que je songe à l'envergure de mon étude, comme s'il fallait y faire entrer toutes les sciences, toutes les générations de baleines, d'hommes, de mastodontes passés, présents et à venir, de tous les panoramas des empires terrestres, à travers l'univers entier et ses banlieues aussi. Un thème si vaste et si généreux est exaltant !".
Il s'étend également, forcément, sur la chasse à la baleine, un art pour lui. En résulte des scènes qui m'ont parfois été douloureuses à lire, j'en ai même eu les larmes aux yeux à un certain moment, et cependant la volonté farouche de ces marins est troublante et fascinante: ils sont émerveillés par l'animal qu'ils chassent à un degré égal qu'ils veulent le voir mort pour en retirer la glorieuse huile !
Ismaël ne paraît que simple spectateur de cette histoire, comme nous, il en est pourtant la voix et son amitié pour Queequeg est sublime. En vérité, j'ai eu du mal à dissocier Ismaël d'Herman Melville lui-même. Achab, lui, est toute la complexité de ce roman. Il est dévoré par un désir de vengeance sans pareils, il voue une haine puissante à l'encontre de Moby Dick, à tel point que ses hommes le pensent fou et que nous, lecteurs, ne pourront jamais le comprendre.

Que dire de plus ? il n'est pas aisé d'exprimer au mieux son ressenti face à une telle oeuvre... Quoi qu'il en soit, j'ai été agréablement étonnée par la plume philosophique et parfois poétique de Melville, ce roman est un puits de jolies citations et il va de soi que c'est un classique à découvrir !



Citations:

* L'ignorance est la mère de l'épouvante.

* Un bon rire est chose excellentissime, une bonne chose par trop rare, ce qui est d'autant plus regrettable.

* Ces jours chauds, nuancés de fraîcheur, clairs, vibrants, odorants, débordants, généreux étaient pareils à un sorbet persan emplissant jusqu'au bord une coupe de cristal des flocons d'une neige à la rose. Les nuits étoilées, majestueuses, semblaient les dames hautaines dont les bijoux illuminaient des robes de velours et qui, dans une orgueilleuse solitude, berçaient dans l'absence le souvenir de leurs princes conquérants: les soleils casqués d'or. Pour un homme qui ne peut se passer de sommeil, il était dur de choisir entre des jours aussi captivants et d'aussi séduisantes nuits.

* Il est des moments et des circonstances dans cette affaire étrange et trouble que nous appelons la vie où l'univers apparaît à l'homme comme une farce monstrueuse dont il ne devinerait que confusément l'esprit tout en ayant la forte présomption que la plaisanterie se fait à ses dépens et à ceux de nul autre.

* L'obsession sait charger d'un sens fantastique la moindre vétille.

* J'essaie tout, je réalise ce que je peux.

* [...] son grand génie, accru par son silence pyramidal, se révèle à ce qu'il ne fait rien pour le prouver.
 
* La souffrance de certains grands coeurs peut être aussi intense que la somme de toutes les souffrances plus superficielles éprouvées pendant leur vie entière par des âmes moins fortes.


Suzy Bess.

  

Commentaires

  1. Ça valait le coup d'attendre ton avis ;)
    J'espérais l'avoir vite, quand tu as dit que tu lisais cette œuvre, je n'avais qu'une hâte lire ton article à ce sujet. Je ne l'ai pas encore lu pour ma part, mais je souhaite le lire depuis ma tendre enfance, je ne sais pas pourquoi je n'ai pas osé le lire jusqu'alors à vrai dire ! Sans doute par peur d'être déçue ? Mon grand-mère m'en parlait si souvent, il était fan de toute ce qui avait attrait à la mer, la pêche, donc forcément... !
    En tous les cas, grâce à toi, je suis certaine que je le lirai, maintenant reste à trouver le temps pour ouvrir un ouvrage si "lourd" ;)

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    1. Super ! Ce qui est bien c'est que tu peux le lire en alternance avec une autre lecture: fais souvent des pauses si tu as peur de la longueur du récit, tu ne seras pas perdue pour autant dans l'intrigue. :) Je comprend que ton grand-père aimait cette histoire !

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  2. Bon, il va définitivement falloir que je le lise alors. Autant la longueur ne me fait pas peur, autant j'espére que ça ne ressemble pas aux Fourmis sur l'aspect technique par contre (tout du moins aux 2 suites). Je pense bien que non sinon il aurait été moins bien accueilli je pense.

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  3. C'est bien de lire les classiques de la littérature :)

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