Le Ciel de Darjeeling


Le Ciel de Darjeeling
Titre original: "Der Himmel Über Darjeeling"
Auteure: Nicole Vosseler
Éditeur: Éditions de l'Archipel
Traduit de l'allemand par: Jean-Marie Argelès
Nombre de pages: 429

Je remercie les Éditions de l'Archipel pour cette lecture !

* Quatrième de Couverture *

Tous les rêves mènent en Inde.
Tous les mirages aussi...

Cornouailles, 1876. Après la mort de son père, Helena, 16 ans, se retrouve dans la misère. Un jour, un inconnu lui fait une offre. Aussi riche que séduisant, Ian Neville lui propose de l'épouser et d'assurer l'éducation de son jeune frère. Mais il y met une condition: qu'elle accepte de le suivre en Inde où il gère une vaste plantation de thé au pied de l'Himalaya.

En se donnant à son mystérieux bienfaiteur, la jeune femme a conscience de faire un saut dans l'inconnu. Mais l'espoir de ne manquer de rien, le cadre de vie somptueux de Darjeeling et le charme de son époux ont raison de ses réticences.

Jusqu'au jour où, Ian étant en voyage, Helena reçoit la visite d'un homme qu'elle avait rencontré lors d'un bal en Angleterre. Leurs retrouvailles éveillent en elle des questions sur le passé de Ian, dont celui-ci n'a jamais rien voulu lui dire. Pourquoi ignore-t-elle tout de son ascendance ? Cessera-t-il un jour d'être un étranger à ses yeux ?
Un voyage initiatique et sensuel aux confins de l'Inde millénaire.
  
* Mon Avis *

Quels destins incroyables nous sont contés par Nicole Vosseler !

Orpheline laissée sans le sou avec, en plus, des dettes et un petit frère à charge, la fière Helena doit se résigner: devenir gouvernante pour une famille qui la méprise ou s'unir à un homme qu'elle n'aime pas; or, son manque d'éducation et son ignorance de nombreux sujets tendent à faire pencher la balance vers la seconde solution. C'est alors que surgit, accompagné de Mohan, son mystérieux assistant, Ian Neville, homme infiniment riche qui profite de la situation pour mettre Helena au pied du mur: soit elle l'épouse et permet à elle et son frère une vie décente, soit elle se retrouve à la rue. Elle accepte de mauvaise grâce ce mariage qui la mène rapidement en Inde; sur place, elle découvre une population déroutante, pleine de ses traditions millénaires et de son histoire mouvementée, mais aussi un pays magnifique aux climats changeants et un mari mystérieux qui ne révèle rien le concernant et est capable de changer drastiquement de comportement en fonction de ses humeurs. Bien qu'engagée sur une route difficile, Helena ne sait pourtant toujours pas ce qu'il va advenir de son avenir.

Entrons tout de suite dans le vif du sujet: je n'ai pas beaucoup apprécié les personnages de ce roman, sauf un. C'est dommage, car le reste m'a beaucoup plu !

Divisé en trois parties, ce récit nous relate donc premièrement l'histoire d'un couple atypique, un homme et une femme n'ayant rien en commun et ne s'aimant pas vraiment mais que le destin va réunir. Vient ensuite l'histoire de personnages appartenant au passé, figurant la genèse de Ian, le héros. Puis le présent reprend ses droits pour une courte fin. Cette construction est particulière, il est rare qu'un roman soit entrecoupé en son milieu de telle manière et pour une si longue durée: l'histoire de Ian et Helena est vraiment mise entre parenthèse pendant quelques 140 pages pour nous présenter des protagonistes dont nous n'avions pas encore entendu parler dans le récit. Malgré le lien évident avec le héros, lire cette seconde partie donne l'impression de découvrir une nouvelle au cœur même du roman et je ne suis pas certaine que chaque lecteur sera à l'aise avec cet agencement. Ceci dit, personnellement, cela ne m'a pas moins captivé et j'y ai peut-être trouvé le plus intéressant du roman.

Il est difficile de ne pas aimer les protagonistes d'une histoire - ils en sont la base ! - mais je n'ai pu faire autrement que ressentir ce rejet envers Helena et Ian; leur "histoire d'amour", si on peut l'appeler comme telle, est vraiment complexe et bien trop souvent faite de brutalité et de disputes: le couple ne se comprend pas parce qu'il ne se connaît pas, et au vu des fortes personnalités de chacun, cela fini toujours en affrontement; ça ne fait pas rêver...
Alors pourquoi aimer ce roman ? Pour Mohan, déjà. Nous comprenons dès le début qu'il existe un lien spécial entre Ian et lui, sa sagesse et sa présence fidèle sont très agréables: au milieu de l'orage représenté par la relation du duo principal, il figure un paisible et bienvenu coin de ciel bleu.
Et pour l'Inde, ensuite ! Ce pays et ses habitants nous sont magnifiquement présentés: que ce soit par ses paysages si variés - d'un désert suffocant à une vallée verdoyante, en passant par ses villes fourmillantes -, par ses traditions ancestrales et parfois archaïques, par son Histoire violente, presque sauvage, nous somme plongés dans un univers totalement dépaysant qui frôle le fabuleux. Le récit de l'Insurrection de cipayes de 1857 est incroyable, et j'ai été fascinée par la scène d'un mariage selon les coutumes indiennes.

Oublions donc cette relation aux personnages pour ne garder que le meilleur de la plume de Nicole Vosseler: sa belle narration de l'Inde du XIXe siècle ! 
 
* Parlons Couverture *

Avant lecture de ce roman, j'étais tout à fait séduite par cette jolie composition. Après lecture du roman, je trouve qu'elle est loin de représenter la puissance du récit, ni même l'héroïne. Cela dit, elle reste superbe !


Citations:

* - Note bien ceci: à la fin des fins, chacun reçoit ce qu'il mérite.

* - Il faut parfois tout simplement faire ce qu'on doit faire, même si c'est une entreprise risquée.

* - La mort et la destruction font partie intégrante de la vie. Là où il n'y a pas destruction, il ne peut y avoir de vie nouvelle. Nier la mort serait ne pas reconnaître la réalité.

* - Il n'y a pas de chagrin pour qui contemple le monde avec compréhension.

* - Il est dit, dans les histoires de l'émir Abd el-Kader que Dieu s'adressa ainsi au vent du sud: "Prends un peu de consistance ! Je veux faire de toi un être nouveau", commença Ian comme se parlant à lui-même. Il prit une poignée de la matière ainsi obtenue, créa le premier cheval et dit: "Je t'appelle cheval. Tu es un Arabe et je te donne le châtain des fourmis. Tu seras le roi des animaux." Il créa ensuite d'autres chevaux auxquels il donna le noir des corbeaux, la rouille des renards et le blanc des ours polaires. Il laissa ensuite partir le troupeau qui se dispersa sur la terre. Et jusqu'à aujourd'hui chaque cheval a en lui le souvenir du vent du sud dont il descend.

* - Il nous faut parfois obéir à un appel qui est plus fort et qui va au-delà de notre petit moi éphémère.



Suzy Bess.

  

Commentaires

  1. J'ai du mal à apprécier les romans (et les films) si aucun personnage ne me semble sympathique. Bon, là, si il y en a au moins, ça irait je suppose^^

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