"Un Coin d'Azur Pour Deux", Emma Sternberg


Un Coin d'Azur Pour Deux
Titre original: "Azur Blau für Zwei"
Auteure: Emma Sternberg
Éditeur: L'Archipel
Traduit de l'allemand par: Jean-Marie Argelès
Nombre de pages: 366

 
Je remercie chaleureusement Mylène, des Éditions de l'Archipel, pour cette jolie lecture !

 
* Quatrième de Couverture *

Une île de rêve,
Deux cœurs en souffrance,
Et un amour inaccompli...

"Un été à Capri ? Recrute assistante pour travaux de documentation et de lecture."

Lorsqu'elle tombe sur cette annonce, Isa saute sur l'occasion. Qu'a-t-elle à perdre ? Alex l'a quittée et son nouveau job lui fait amèrement regretter la librairie où elle travaillait.

À son arrivée en Italie, Isa découvre qu'elle a été engagée par la célèbre romancière Mitzi Hauptmann qui, à plus de 70 ans, a besoin d'aide pour rédiger ses mémoires.

En écoutant Mitzi lui raconter sa vie dans sa superbe villa surplombant l'azur, la jeune femme comprend bien vite qu'elle est hantée par un regret.

Il y a bien longtemps, elle a laissé filer l'amour de sa vie. Et s'il n'était pas trop tard ?
 
* Mon Avis *

Il n'y a rien de plus agréable que de lire un bon roman feel good quand on en a besoin, et dans le genre "Un Coin d'Azur Pour Deux" est excellent !

Isabell a été dévastée par sa rupture avec Alex, après des années de vie commune, parce qu'ils ne parvenaient pas à avoir d'enfant. Un an plus tard, elle apprend qu'il s'apprête à devenir père de jumeaux, tandis qu'elle stagne dans une vie bien morne. Alors quand elle tombe sur une offre d'emploi un peu particulière, elle n'hésite pas très longtemps à postuler. Et la voilà qui s'envole pour Capri afin d'aider Mitzi Hauptmann, une romancière ayant connu son heure de gloire autrefois, à rédiger ses mémoires. Mais le livre en cours d'écriture va prendre un tournant inattendu.

J'ai adoré cette lecture aussi pétillante qu'émouvante !
Nous sont présentées deux héroïnes: Mitzi Hauptmann, auteure de 75 ans, semble s'être relevée d'une enfance particulière, mais raconter sa vie pour la coucher sur le papier va lui rappeler un amour de jeunesse perdu. Et Isa qui m'a émue aux larmes; ayant connu le sentiment de rejet enfant, elle est anéantie par sa rupture due à son infertilité et doit réapprendre à vivre et à s'estimer. Son travail va lui donner une occupation et lui permettre de rencontrer le généreux Luca, policier sur l'île de Capri. Leur prise de conscience ne se fait pas dans la facilité. Le courage de dépasser ses peurs ne se fait pas en claquant des doigts, c'est ce que nous démontrent deux personnages qui ont beaucoup à apprendre des autres et sur elles-mêmes.
Ce feel good a certes quelques prévisibilités, comme c'est souvent le cas dans ce genre de récit, mais il sait surprendre en usant de sujets forts et bien présentés: dyslexie, stérilité (et sentiment de défaite coupable qui l'accompagne), amour perdu, absence parentale donnant un sentiment d'abandon dès l'enfance, reconstruction, ..., sont autant de thèmes importants qui rendent ce roman tout à fait touchant; il sort du lot et la rafraîchissante plume d'Emma Sternberg englobe tout cela d'une atmosphère rayonnante apportant au lecteur un sentiment de bien-être. On est complètement dépaysés en voyageant sur cette île italienne: la jolie villa surplombant la mer nous donnerait presque l'impression d'être réellement en vacances, on a d'autant plus envie de profiter du soleil et de déguster les délicieux plats mentionnés au cours de ces pages (oui, je me suis fait quelques recettes au passage).

Voyage assuré avec ce roman généreux et dépaysant, à lire en sirotant une spremuta ou à déguster autour d'un bon plat de pasta !

* Parlons Couverture *

Qu'elle est rafraîchissante cette couverture, tout à fait à l'image du livre ! Du bleu azur rappelant le titre et la méditerranée, des citrons pour la boisson favorite de nos héroïnes, une composition parfaite en somme !


Citations:

* J'estime toujours que les livres sont un sujet de conversation idéal, car celui qui parle de ce qu'il a lu parle de lui, de ce qu'il ressent, même lorsqu'il évoque les personnages d'un roman. On devient formidablement proche de quelqu'un avec qui on s'entretient de ses lectures, de ce qu'il aime et pourquoi, de ce qui le fait rire ou pleurer, de ce qui lui répugne, l'effraie ou l'émeut.

* Le propre des états d'exception, c'est qu'ils reviennent à la normalité plus vite qu'on ne le pense - on peut s'habituer aux températures extrêmes, à la guerre, à la terreur et, bien sûr, au fait qu'on est désespéré. La raison en est probablement fort simple: on est obligé de pisser même quand, ailleurs, des gens meurent. Le chagrin d'amour n'enlève rien à la nécessité de manger et de boire. Et on aura beau savoir que le monde sombrera demain, on se lavera probablement les dents avant d'aller se coucher. On ne peut s'empêcher de respirer quand bien même on le voudrait. Peu importent les évènements autour de soi, on n'a d'autre choix que de vivre.

* - [...] il est difficile de donner une forme à sa propre existence. De la saisir avec des mots. C'est autre chose que de raconter une histoire, une histoire quelconque.

* - Je suis née le regard tourné vers les étoiles.

* - Se souvenir, c'est éreintant.

* Étonnant comme, une fois qu'une histoire d'amour est terminée, les pires moments de tristesse interviennent au moment où l'on vit des instants de bonheur. C'est sans doute parce qu'on prend alors pleinement conscience qu'il manque à ces derniers la profondeur, l'espace de résonnance qui, pour exister, exigent qu'on les vive à deux.

* - [...] si on refuse la vie, on est voué à l'échec.

* - Il faut provoquer son bonheur si on veut le rencontrer.

* Certains évènements se savourent en silence: un compliment, un moment passé avec un animal, la seconde merveilleuse où le soleil perce les nuages. Et il est des évènements qu'il faut raconter avant qu'ils n'explosent comme des bulles de savon dans ce monde où se produit sans arrêt quelque chose de nouveau.

* Peut-on modifier la réalité en croyant forcément qu'elle est autre ? Cette idée me paraît si naïve que je suis presque tentée d'y croire. Peut-être que ce n'est pas plus compliqué que cela ? Peut-être la simplicité de cette foi donne-t-elle la force de changer sa vie pour de bon ?

* - L'amour n'est pas une chose qui se prête à la discussion, à la réflexion ou à la philosophie. C'est quelque chose qu'on fait.

* - Tu es ce que tu es, pas de problème. Mais ça ne t'empêche pas de toujours avoir le choix: te libérer de ce qui t'attache et avancer ou bien rester éternellement ce que tu es.

* Il est étrange de constater combien notre regard sur les choses peut varier, comment la déception peut se muer en bienveillance, comment on peut se mettre à aimer certaines choses, bien qu'elles soient telles qu'elles sont, et peut-être même parce qu'elles sont telles qu'elles sont.

* Les grandes vérités ont toujours l'apparence de la banalité. Oui, et plus elles sont grandes, plus elles semblent banales. Parfois même, elles le sont tellement que les larmes vous montent presque aux yeux tant elles sont vraies.


Suzy Bess.

  

Commentaires

  1. J'aime beaucoup la couverture aussi. Trés estivale en effet^^Et le sujet du roman, en effet, semble propice également à la période. Bon, par contre ce n'est pas pour moi pour le coup^^

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