Guan-gong dit oui
Auteure: Charlotte Pollet
Éditeur: L'Asiathèque
Nombre de pages: 160
Je remercie L'Asiathèque et Pascaline pour cette lecture !
* Quatrième de Couverture *
La seule véritable aventure, c'est de tout laisser. Un aller sans retour et sans savoir où l'on va. Lâcher prise, se laisser porter, abandonner toute détermination,et le plus difficile, s'y complaire. Déposer les armes devant l'angoisse des lendemains, comme un ultime combat contre soi-même. Voilà, c'est ça, vaincre en déposant les armes. C'est dans cet état d'esprit que j'ai débarqué à Taiwan avec l'idée saugrenue de faire des mathématiques en chinois.
* Mon Avis *
Quelle incroyable tranche de vie !
Après avoir enseigné la philosophie, Charlotte Pollet se rend soudain compte de la lassitude du métier qui l'a gagnée. Sans objectif clair, elle s'engage alors à aller suivre des études de mathématiques à Taiwan. Elle va rapidement comprendre s'être embarquée dans une entreprise hasardeuse, et les nombreuses épreuves qu'elle va devoir affronter afin de passer son diplôme vont se révéler aussi éprouvantes physiquement qu'une bataille.
Ce récit est excellent ! L'auteure, à la plume naturelle, pétillante et accessible, y décrit des situations aberrantes et stressantes avec un humour délicieux. En changeant de pays en même temps que d'orientation professionnelle, elle se confronte à l'incompréhension, de tous et de tout; d'une nation à l'autre, d'un continent à l'autre même, ce ne sont pas seulement les traditions qui diffèrent, mais la manière même de vivre et de voir cette vie, de l'appréhender, tout comme, dans le cas présent, la manière d'étudier et d'éduquer. Dans ce genre de contexte, parvenir à ses fins révèle vraiment d'un combat, non seulement contre les personnes l'entourant mais ne faisant pas grand chose pour lui venir en aide, alors même que l'on peut tout à fait comprendre sa détresse, mais aussi contre soi-même et l'idée si facile d'abandonner. Férue d'apprendre, éprise de nouvelles expériences, Charlotte Pollet, cette femme intelligente qui semble aimer les sensation fortes, en a eu pour son compte - et plus encore ! Quitter son emploi confortable, se lancer dans une nouvelle aventure, portée par le destin, se dire que "faire des mathématiques en chinois... pourquoi pas ?", puis se rendre compte qu'il faut totalement réapprendre la langue qu'elle pensait maîtriser, étudier des éléments incompréhensibles, défier le temps, les éléments, les situations... Son histoire est juste fascinante, la personne qu'elle est tout autant. On se réjouit autant qu'on s'inquiète à ses côtés; et comment ne pas applaudir sa démarche et son courage ? J'ai vraiment adoré cette lecture et j'espère que l'auteure nous donnera l'occasion de la lire à nouveau prochainement !
* Parlons Couverture *
J'aime le style épuré et sépia de L'Asiathèque. Il suffit parfois de peu !
Citations:
* Se sentir étrangère chez soi: c'est étrange. Quitte à avoir la tête ailleurs, il est alors légitime de partir. Il est plus naturel d'être étrangère à l'étranger.
* On a tous besoin d'un sommet à gravir au moins une fois dans sa vie.
* La seule véritable aventure, c'est de tout laisser. Un aller sans retour et sans savoir où l'on va. Lâcher prise, se laisser porter, abandonner toute détermination,et le plus difficile, s'y complaire. Déposer les armes devant l'angoisse des lendemains, comme un ultime combat contre soi-même. Voilà, c'est ça, vaincre en déposant les armes.
* Quand on a fait le tour de ce qui est qualifié d'utile, seul l'inutile prend sens. L'inutile est nécessaire.
* Fermer les possibles est la plus grande mise en danger que l'humanité ait connue.
* [...] la frontière entre possible et impossible n'est qu'une question de tournure d'esprit.
* C'est précisément par trop de conscience qu'on finit par suivre les chemins balisés.
* Alors je me lève et je vais rencontrer le monde. Son bruit, son fourmillement, ses conflits nécessaires. Être au monde, c'est se confronter. Il faut sortir pour ne pas pourrir.
* Existe-t-il une réalité extérieure aux humains ? Les hommes ne fabriquent-ils pas la vérité à leur usage ? Tout ce que les hommes font devient réel.
* Les erreurs sont encore trop souvent considérées comme des fautes dont on est coupable et non comme les moments nécessaires de l'apprentissage.
* Après tout, pourquoi se préoccuper d'une difficulté qui ne se présente pas encore ? Anticiper, c'est fabriquer un problème qui pourrait ne pas exister. Il y a un mur au bout de la route. Soit. Peut-être qu'il n'y en aura plus quand on arrivera. Et il faut d'abord le voir ce mur avant de s'interroger. Pas la peine de se prendre la tête avant. Un peu de stoïcisme appliqué à la façon Zen, ça ne peut pas faire de mal.
* Il ne suffit pas de lire pour comprendre. En fait, il faut comprendre pour lire. Sinon aucun sens n'apparaît à travers les mots. On comprend mal, on comprend ce qu'on veut ou ce qu'on peut comprendre. On ne lit que pour trouver une approbation, des mots sur ce qu'on sait et qu'on ne sait pas encore dire. Il faut donc être prêt à entendre avant de lire.
* Aussi génial ou doué que vous puissiez être, apprendre sans effort n'est pas apprendre. Il faut apprendre l'effort lui-même. Les erreurs ne viennent pas d'un manque de connaissance dont il faudrait avoir honte. Elles traduisent un moment de manque de compétences, qui ouvre sur une chance d'apprendre. Il n'y a pas d'apprentissage sans erreur. Sans effort, pas de nouvelles compétences. Celui qui ne s'est jamais trompé, celui qui ne sait pas dire "je ne sais pas" n'a jamais rien appris et n'apprendra jamais rien. La prochaine fois que vous vous trompez, criez hourra. En tout cas, tant qu'il n'y a pas mort d'homme.
Suzy Bess.
J'avoue que ça parait trés sympa ! J'y jetterais peut être un oeil !
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