"Les Livres d'Emmett Farmer", Bridget Collins


Les Livres d'Emmett Farmer
Titre original: "The Binding"
Auteure: Bridget Collins
Éditeur: JC Lattès
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par: Dominique Defert
Nombre de pages: 526

Je remerice les éditions JC Lattès et Babelio pour cette lecture,
lue dans le cadre d'une Masse Critique. 

* Quatrième de Couverture *

Et s'il était possible d'effacer le chagrin, de soulager la peine, de dissimuler les secrets pour toujours ? 

Le jeune Emmett Farmer travail sur les terres familiales quand une lettre le convoque pour commencer son apprentissage. Il va devenir enlivreur, un art qui inspire la peur, la méfiance, et suscite bien des superstitions.

Sous l’œil attentif de Seredith, son maître, Emmett apprend peu à peu à confectionner de magnifiques ouvrages destinés à préserver un trésor unique: les souvenirs. Le passé, désormais enlivré, sera conservé à l'abri des regards dans un caveau, afin que tout soit oublié. Même les secrets les plus terribles. Un jour, Emmett fait une découverte troublante: l'un de ces livres porte son nom.

Un roman initiatique sur la mémoire et l'oubli, et une histoire d'amour, portée par une écriture poétique.
 
* Mon Avis *

Ce roman n'est pas tel que je me l'imaginais... et ce n'est pas un mal: c'est même une jolie surprise !

Emmett Farmer se remet difficilement d'une étrange et violente maladie lorsqu'il reçoit une lettre qui va changer sa vie. L'enlivreuse vivant à quelques kilomètres de chez lui, considérée par tous comme une sorcière, demande à ce qu'il devienne son apprenti. Le jeune homme s'était toujours imaginé reprendre la ferme familiale mais, ses forces n'étant plus ce qu'elles étaient, et ses parents et sa sœur Alta le poussant à accepter de partir "pour le bien de tous", le jeune homme s'en va à regrets. L'apprentissage fastidieux et peu passionnant va cependant prendre un tour tragique. Obligé de changer de maître, Emmett, qui s'est toujours senti coupable d'être tombé malade et d'avoir été un poids pour ses proches, va alors bientôt comprendre l'origine de ses tourments: une rencontre qui a bouleversée son existence et celle de sa famille, une rencontre qu'il a oublié lorsque lui-même a fait enlivrer ses souvenirs.

Alors que je pensais me plonger dans une lecture trépidante comme le sont souvent celles du genre young adult, je me suis rendu compte que Bridget Collins nous propose un récit bien plus profond, sombre et sérieux. Dans un univers à l'ambiance historique - l'histoire n'est pas datée mais l'ère Victorienne se fait sentir -, nous découvrons dans ce roman divisé en trois parties un art fascinant: l'enlivrure. De nombreuses personnes jugent infâme et apparentent à la sorcellerie cette pratique consistant à enfermer les souvenirs dans un livre à qui veux oublier ses malheurs ou ses erreurs. Autour de cet art, l'auteure tisse l'histoire de deux jeunes hommes dépassés par les évènements ayant cours dans leur vie. Emmett est un héros attachant; dès les premières lignes, nous le comprenons tourmenté, ses faiblesses sont exposées et nous apprenons vite que son entourage lui cache des choses, des faits ou une vérité inaccessibles. Il en va de même avec le personnage de Lucian Darnay, les défauts lui sont nombreux et il est imbu de sa personne, mais c'est un jeune homme torturé pour lequel nous ne pouvons nous empêcher d'espérer.
Ce qui est particulièrement intéressant dans ce roman, outre le fait que Bridget Collins dénonce les différences sociales, les abus que celles-ci occasionnent, ou encore le statut des personnes ayant des penchants sentimentaux qui ne collent pas avec ce qu'attend la société, c'est sa manière de traiter son sujet fantastique. L'auteure ne souhaite pas nous vendre du rêve, elle nous présente un art qui est aussi fascinant qu'il est mal vu et nous décrit autant ses qualités que ses faiblesses, peut-être même davantage ces dernières, d'ailleurs. Nous découvrons donc les avis opposés de différents personnages à propos de l'enlivrure; d'une vision lumineuse et merveilleuse de cet art, nous passons horrifiés à la conception ignoble que certains en ont, constatons avec colère les profits qu'il occasionne à qui n'est pas regardant sur la pratique, et découvrons tristement l'image de ces malheureux pour lesquels se faire enlivrer est devenu un moyen de survie, prêts à vendre leurs souvenirs les plus chers pour subsister. Il y a dans ce récit tant de détails autour des livres qui m'ont captivée que je pourrais y revenir des heures durant !

Doté d'une histoire d'amour tourmentée par la culpabilité, ce roman où le drame est prédominant, où les instants de bonheur ne sont jamais sans conséquences, où les moments malheureux ne vont jamais sans une note d'espoir, ce roman donc nous transporte dans une valse de sentiments forts d'où il tire toute sa puissance.
 
* Parlons Couverture *

L'ouvrage original est d'une beauté à couper le souffle, dans une reliure en totale adéquation avec l'histoire, une tranche bleue et sa sublime couverture:
Si j'aurais aimé retrouver cette couverture pour l'édition française, la composition semi-contemporaine de Manon Bucciarelli m'a tout de même interpellée la première fois que je l'ai vue. À vrai dire, je ne comprends pas le ressenti que sa vision me procure mais, une chose est certaine: elle provoque une réaction. Et rien que pour ça, je l'aime bien. Évidemment, les deux ne sont pas comparables.


Suzy Bess.
  

Commentaires

  1. Eh bien, ça donne trés envie de découvrir ce roman !

    "Ce roman n'est pas tel que je me l'imaginais... et ce n'est pas un mal: c'est même une jolie surprise !" : Ah bah tu vois, tu y a réussis^^

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  2. Coucou Suzy. Merci pour la découverte. Je regrette vraiment qu'il n'est pas gardé la couv' qui est un plaisir pour les yeux. Bonne journée.

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