"Sans mon ombre", d'Edmonde Permingeat
Sans Mon Ombre
Auteure: Edmonde Permingeat
Éditeur: Éditions de l'Archipel
Nombre de pages: 440
Je remercie Mylène et les Éditions de l'Archipel pour cette lecture !
* Quatrième de Couverture *
Dans un accès de violence, Alice a tué Célia, sa jumelle. Son reflet, son alter ego inversé, son éternelle rivale.
Célibataire, Alice enseignait la philosophie et trouvait sa vie étriquée.
Tout le contraire de sa sœur, épouse et mère comblée, qui menait une existence de rêve dans une luxueuse demeure du bord de mer.
La mort de Célia permet enfin à Alice de prendre sa place.
A elle le "pays des merveilles", la vie de rêves qu'elle avait toujours espérée.
Mais saura-t-elle donner le change ? Et sait-elle la nature des relations qu'entretenait Célia avec son mari ? De l'autre côté du miroir, la vie d'Alice, devenue Célia, pourrait présenter des dangers... mortels !
* Mon Avis *
Roman noir, "Sans mon ombre" se distingue par le style de son auteure.
Depuis toujours, Alice et Célia, sœurs jumelles, ne se ressemblent que par leur physique identique, car leur caractère les sépare drastiquement. Indépendante et intellectuelle stagnant à un poste de professeure dans un lycée qui ne la fait plus rêver, Alice n'en a pas moins toujours enviée Célia, la préférée proclamée de leur mère, et sa vie de femme mariée et de mère de famille. Après une dispute, Célia meurt presque accidentellement et sa sœur profite alors de la situation extrême pour usurper son identité afin de vivre une nouvelle vie. Mais au fil des jours, Alice devenue Célia finit par se rendre compte que l'existence qu'elle avait idéalisée est loin d'être aussi facile à vivre que cela. Un mari infidèle et violent, des humiliations quotidiennes, une sœur qui cachait de nombreux secrets... Alice n'est pas au bout de ses découvertes et sera prête à tout pour vivre ce rêve qu'elle a si longtemps fantasmé.
Avec ce roman, je découvre une auteure à la plume atypique. Le récit démarre fort: les personnages ne sont pas encore présentés que l'on assiste à un décès violent dès la première page ! Ne pas connaître les détails de la dispute qui a précédé cet évènement, être immédiatement jeté dans l'action, cela peut être quelque peu perturbant, mais l'histoire se lit facilement grâce à de nombreux chapitres (plus d'une centaine), et nous avons rapidement du mal à lâcher ce roman. Séparé en deux parties, le récit nous permet d'avoir, après le point de vue d'Alice, une nouvelle vision des évènements concernant le passé de Célia; il est d'ailleurs intéressant de constater que cette protagoniste physiquement absente est néanmoins l'un des personnages les plus présents: un élément que j'ai beaucoup aimé, comme si Célia était vraiment l'ombre d'Alice (le titre du roman correspond donc parfaitement). Mais celle qui fait le récit est vraiment cette sœur incomprise qu'est Alice: cette usurpatrice a un caractère complexe, difficile à comprendre, et dans un même temps nous avons conscience que le rejet de sa mère a été l'un des faits majeurs de son existence, qui l'ont poussée à devenir la personne qu'elle est. Malgré les justifications que l'on pourrait trouver à son comportement, j'ai éprouvé peu de sympathie pour elle parce que je n'ai pas réussi à la cerner; ses pensées violentes, ses raisonnements, son caractère dans sa globalité, en fait, m'ont détaché d'elle dès le début. La haine passionnelle qu'elle ressent pour Célia est incroyable d'intensité !
La force de ce roman réside cependant moins dans ses personnages que dans l'écriture même d'Edmonde Permingeat: sous un humour caustique - nous pourrions presque dire vaudevillesque, par moments -, l'auteure s'engage dans une critique des relations sociales, un exposé des préjugés, du jugements sur les apparences, et c'est très intéressant autant qu'amusant - je me suis surprise à sourire à de nombreuses reprises alors que le récit n'a rien de joyeux.
Le style décapant ne met pas toujours à l'aise, tout comme le personnage principal - une Alice sans doute un peu dérangée et complètement dérangeante. La violence sous-jacente met le lecteur dans un inconfort certain, mais le sujet est intéressant, tout comme sa manière d'être mis en avant.
* Parlons Couverture *
Jolis effets de miroir sur cette photographie de Marta Syrko représentant les jumelles du récit, c'est inspirant. Les nuances de couleur et ce titre brisé, déchiré ont un superbe effet !
Suzy Bess.
J'aime bien l'idée de départ en tout cas. Par certains aspects, ça fait penser aux "Apparences" de Gillian Flynn. J'essaierais peut être de le lire !
RépondreSupprimerJe pourrai faire la comparaison lorsque je le lirai. ;)
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