Guerre et Paix, tome 2


Guerre et Paix,
tome 2
Titre original: "Voyna i mir"
Auteur: Léon Tolstoï
Édition: Le Livre de Poche
Traduit par: Élisabeth Guertik
Nombre de pages: 796

* Quatrième de Couverture *

Tolstoï a voulu que l'action de Guerre et Paix débute comme un jet d'eau dont les mille gouttelettes iraient s'éparpiller ensuite de tous les côtés.
Le jet d'eau jaillit avec une telle force qu'il retombe en pluie, en torrents fougueux qui charrient toute la Russie. Y voguent, y chevauchent, au son des cloches et du canon, des armées entières, des personnages historiques - Napoléon, Koutouzov, Alexandre -, et des êtres non moins célèbres bien que sortis de l'imagination du lion Tolstoï: le très beau et très valeureux prince André, le moins beau mais tout aussi séduisant Pierre Bézoukhov, Natacha, l'adorable pécheresse...
Œuvre immense, monument de la littérature, aucun adjectif n'est ridicule qui s'applique à Guerre et Paix, mais aucun ne lui rend justice. C'est le chef-d’œuvre du roman historique, le chef-d’œuvre du roman de tous les genres et de tous les temps.
 
* Mon Avis *

"Guerre et Paix" est bien plus qu'un roman, et c'est après avoir lu ce second volume que j'en prends pleinement conscience.
Fiction romancée, ouvrage historique, essai philosophique, développement sur l'Histoire - ceux qui la font, ceux qui l'écrivent -, ce récit entre dans toutes ces cases, et plus encore. Entre les personnages emblématiques que l'auteur met en avant, qu'ils soient fictifs ou réels, Tolstoï dénonce quelques vérités et s'insurge des raccourcis empruntés par nombre d'historiens concernant la campagne de Russie, mais aussi sur l'Histoire dans son écriture globale. Il semble s'être donné pour mission de rétablir l'ordre des choses telles qu'il les voit; et il le fait minutieusement, avec preuves et références. Mais son argumentation n'est pas seulement là pour le simple fait d'exister, l'auteur ne veut pas juste partager sa vision des choses, mais convaincre, et pour cela il démontre avec ferveur que ses déductions sont justes, quitte à vulgariser les faits par moments, afin de se faire comprendre de toutes et tous. Le résultat est passionnant ! Alors, certes, il y a des longueurs et des répétitions, mais elles s'avèrent sans doute nécessaires au travail faramineux de l'auteur.
Suivre les Rostov, Bézoukhov et autres Bolkonski est captivant, ces héros et héroïnes, ainsi que le reste de la population qui évoluent dans ces pages, subissent des épreuves et grandissent en même temps que les émotions qu'ils charrient; quant au reste du récit, propre aux intéressantes scènes de batailles détaillées (à tel point qu'il est aisé de parfaitement les visualiser), aux décisions prises par les noms illustres de nos livres d'Histoire, pour enfin suivre la pensée philosophique de l'auteur sur l'écriture de ces-dits livres, sur la perception que les humains en ont, sur la force inconnue qui pousse les hommes, dans un même mouvement, à commettre l'irréparable, sur la vie tout simplement et si difficilement, cela est absolument fascinant !

Ce second volume est plus complexe à lire que le premier, mais il apporte de grandes choses au lecteur, alors n'hésitez pas à vous lancer dans cette lecture, à votre rythme, un de ces jours !
 
* Parlons Couverture *

La bataille de la Moscova (ou de Borodino) est sans doute l'une des plus commentées par les historiens concernant la Campagne de Russie. La peinture utilisée pour couverture représente un évènement important survenu au cours de cette bataille: la mort du prince Bagration.
Si le premier volume montrait les scènes de bal, ce second nous montre la guerre; le contraste entre les deux est pertinent et ces couvertures sont parfaites pour représenter l’œuvre de Tolstoï.


Citations:

* Le 12 juin, les forces de l'Europe occidentale franchirent les frontières russes et la guerre commença, c'est-à-dire que s'accomplit un évènement contraire à la raison et à toute la nature humaine. Des millions d'hommes commirent les uns à l'égard des autres un nombre si infini de forfaits, de duperies, de trahisons, de vols, de fraudes et d'émissions de faux assignats, de pillages, d'incendies et de meurtres que les archives de tous les tribunaux du monde ne pourraient en réunir autant d'exemples en des siècles entiers, mais qu'au cours de cette période ceux qui s'en rendirent coupables ne considéraient pas comme des crimes.

* Le fatalisme en histoire est inévitable pour expliquer des phénomènes irrationnels (c'est-à-dire ceux dont nous ne comprenons pas le sens). Plus nous nous efforçons de les expliquer logiquement, plus ils nous apparaissent déraisonnables et incompréhensibles.

* L'issue de tout évènement en cours donne toujours lieu à tant d'hypothèses que, quelque soit cette issue, il se trouve chaque fois des gens pour assurer: "Je l'avais bien dit !" tout en oubliant complètement que, parmi les innombrables hypothèses avancées, il y en a eu aussi d'absolument contraires.

* L'homme ne peut rien posséder tant qu'il a peur de la mort. Et celui qui n'a pas peur d'elle, à celui-là tout appartient. Sans la souffrance l'homme ne saurait pas ses limites, il ne se connaîtrait pas lui-même.

* "Les épreuves durent une heure et on a toute sa vie à vivre !"

* "Le destin choisit sa tête."

* "Notre bonheur, ami, c'est comme l'eau dans la nasse: on tire, ça se gonfle, mais quand on la retire, il n'y a rien. C'est comme ça."

* L'ensemble des causes d'un phénomène est inaccessible à l'esprit humain. Mais le besoin de rechercher ces causes est le propre de l'âme humaine. Et l'esprit humain, incapable de pénétrer l'infinité et la complexité des conditions des phénomènes dont chacune prise isolément peut apparaître comme la cause, s'empare du premier rapport de causalité venu et le plus accessible, et dit: voici la cause.

* L'absence de souffrance, la satisfaction des besoins et, par suite, la liberté dans le choix de ses occupations, c'est-à-dire de son genre de vie, lui apparaissaient maintenant comme le bonheur suprême et incontestable de l'homme.

* Et plus loin encore que ces forêts et ces champs, se voyait un lointain infini, clair, mouvant, qui attirait. Pierre regarda le ciel, la profondeur où scintillaient les étoiles. "Et tout cela est à moi, et tout cela est en moi, et tout cela est moi !" pensa-t-il.

* Pierre avait appris, non pas avec sa raison mais de tout son être, par la vie, que l'homme est créé pour le bonheur, qu'il porte son bonheur en lui-même, que ce bonheur est dans la satisfaction des aspirations humaines naturelles, et que tout le malheur lui vient non pas d'un manque mais d'un excès; mais maintenant, [...], il avait encore appris une vérité nouvelle, consolante: il avait appris qu'il n'y a au monde rien de redoutable. Il avait appris que, de même qu'il n'est au monde aucune situation où l'homme soit parfaitement et libre, ainsi il n'en est aucune où il soit absolument malheureux et privé de liberté. Il avait appris qu'il est une limite à la souffrance et une limite à la liberté, et que cette limite est très proche.

* Les étoiles, comme si elles savaient que maintenant personne ne les verrait plus, s'en donnèrent à cœur joie dans le ciel. Tantôt lançant des feux, tantôt s'éteignant, tantôt scintillant, elles parlaient entre elles en chuchotant avec vivacité de quelque chose de joyeux mais de mystérieux.

* "Nous croyons qu'une fois que nous sommes rejetés hors de l'ornière habituelle, tout est perdu; mais c'est alors seulement que commence quelque chose de nouveau, de bon. Tant qu'il y a de la vie, il y a du bonheur."

* Grâce à la raison l'homme s'observe lui-même; mais il ne se connaît qu'à travers la conscience.


Suzy Bess.

 

Commentaires

  1. Je pense que j'essaierais un jour pour voir ce que ça donne. Prochain gros morceau : Lire ça !^^

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