[Des Pages À Lire] "Luciole", Blanche Martire


     Luciole     
Blanche Martire
Auteure: Blanche Martire
Éditeur: Éditions Fabert
Nombre de pages:

Je remercie chaleureusement l'auteure pour cet envoi !

* Quatrième de Couverture *

Hugo. Insaisissable. Flottant. Lumineux. Un jour, Blanche rencontre Hugo et elle en est bouleversée. Fascinée par la complexité de ce garçon aux multiples facettes, elle entame une véritable enquête. Hugo est différent, comme Blanche. Il lui permet d'exprimer sa sensibilité à fleur de peau. Mais Hugo est aussi inaccessible, secret. À la recherche d'une relation la plus authentique possible, Blanche tente de pénétrer dans le monde mystérieux d'Hugo. En décalage avec les relations superficielles adolescentes, Hugo et Blanche inventent leurs propres liens et brisent tous les codes. Imperceptible, invisible, leur relation est chargée de signes subtils, d'émotions, de lucioles comme dirait Blanche. En dépit des apparences et du regard des autres, cette relation existe, elle est leur jardin secret.

Blanche Martire, auteure de « Et il me dit: pourquoi tu rigoles jamais Blanche ? » récit témoignage sur le harcèlement scolaire, et Chair et Âme, essai sur l'hypersexualisation des jeunes filles, signe aux Éditions Fabert son troisième roman, Luciole, récit d'une rencontre entre deux personnalités sensibles, centré sur la psychologie des personnages.
  
* Mon Avis *

Un soupir peut exprimer de multiples sentiments: ennui, colère, fatigue, désapprobation, dépit...
Je soupire. Ça exprime bonheur, félicité, satisfaction d'avoir découvert une œuvre qui m'a emplie d'émotions.

Blanche et Hugo. Hugo et Blanche. Ils se côtoient, s'apprécient, se confrontent, se tournent autour mais ne comprennent pas la force de ce qui les lie. Quand Blanche cherche à se rapprocher, Hugo fuit; quand elle s'éloigne, il la rattrape. Alors elle va chercher à creuser l'énigme qu'ils sont tous deux et délivre ses pensées bouillonnantes, ses bonheurs, ses douleurs.

Avez-vous déjà eu envie de parler à un livre ? En y repensant, je pense avoir certainement dû le faire auparavant sans vraiment m'en rendre compte: "tiens, et si je te lisais, toi ?" ou "bon, à nous deux !" Cette fois, je m'en suis rendue compte. À chaque fois que je reprenais ce livre, j'avais envie de lui dire: "Bonjour ma beauté". Parce que beau, ce récit l'est, assurément, porté par l'intensité que l'auteure apporte à chaque phrase qu'elle écrit - j'aurais voulu l'entendre chanté; par l'intensité de l'histoire qui se déroule sous nos yeux également. Oui, je trouve ça beau d'apprendre à connaître une personne par le regard d'une autre personne, d'appréhender quelqu'un grâce à l'amour qui lui porte celle qui le décrit. C'est beau, aussi, de découvrir un être à cause des souffrances qu'il inflige à l'autre, et de découvrir cet autre par ses souffrances. Tristement beau. Mais cette histoire n'est pas que tristesse ni mélancolie; elle est le récit d'une rencontre, d'une relation et de ce qui la nourrit. Blanche (l'auteure ? l'héroïne ?) s'exprime avec acuité et sensibilité, d'une écriture parfois saccadée, presque frénétique; intériorisant constamment ses sentiments, elle se dévoile au lecteur. Et quelle beauté que ses mots ! Je l'ai déjà dit ? Je le redirai. Cet amour... un amour ? cette amitié... une amitié ? ce lien particulier qui unit Blanche et Hugo est impénétrable, il n'appartient qu'à eux. On pourrait penser avoir affaire à une relation toxique, c'est peut-être le cas, et pourtant j'ai l'impression que ça va au-delà: ça nous dépasse. Contempler cela est fabuleux, déconcertant, incompréhensible. Cette relation est une œuvre d'art, l'art de la vie, et comme tout art qui se respecte, ce n'est pas toujours aisément explicable - le sublime peut être indéfinissable.

Ce texte intense et complexe est comme un cadeau, un cadeau que l'auteure nous fait, un cadeau qu'elle se fait peut-être à elle-même aussi, qui sait ? Quoi qu'il en soit, c'est précieux, alors merci Blanche - l'héroïne comme l'auteure" pour ce partage !
 
* Parlons Couverture *

Amoureux de l'amour ? C'est ce que peut laisser penser cette photographie. Cette couverture attire l’œil par sa simplicité, un contraste qui va très bien à ce roman qui est tout sauf simple.


Citations:

* Je me demande comment les gens font pour ne pas vivre dans leur tête et comment ils font pour vivre dans leur corps. Ils rient aux éclats. Ils parlent fort. Ils se font entendre. Ils se prennent par la taille. Ils dansent. Rien ne les arrête, pas d'obstacles entre eux et les autres. Le monde à travers mes yeux est un monde sensible. Je le vis de l'intérieur. Dans mon corps se trouve un toboggan sur lequel glissent les images, le bruit, les paroles.

* C'est ça le bonheur, se sentir exister.

* Elle ne veut pas jouer à vivre. Elle veut vivre.

* Se chercher. Se trouver. Analyser son cœur. Si ce n'est pas ça l'école de la vie qu'est-ce que c'est ?

* Je suis moi et j'existe.

* Le monde est une œuvre de mon imagination.

* « Je te veux dans ma vie bien que nous allons nous échapper, je le sais, nous allons nous évaporer alors serre-moi quelques secondes, sois mon cocon éphémère. Et tant pis si nos mutismes nous dominent, si nous sommes invisibles dans ce monde, si nous nous défaisons sans cesse, tu l'as dit, il y a quelque chose et j'ai attrapé tes mots comme un enfant capture un papillon. Tu es mon instant éternel. »

* Nous cherchons à nous dévoiler au monde. Ce que nous sommes réellement. Nous ressentons la fragilité jusqu'au bout des ongles mais il nous suffit d'entrouvrir les doigts et d'y laisser passer le vent pour avoir l'impression de nous envoler.

* Je regarde par la fenêtre, la pâleur du ciel, le soleil triste, et je me fais la réflexion: Je connais le temps du ciel mais plus celui des hommes.

* Ma raison de vivre est d'être naturelle avec des êtres entiers.

* Le masque englobe mon univers. L'école dicte sa loi, les autres sortent leurs codes, la vie artificielle ses cases. Elles simplifient, elles rassurent mais elles faussent. La douce rébellion est mon élément. Ma déclaration d'amour à la vie insaisissable. Je préfère être perdue qu'être rangée, être en mouvement plutôt qu'être figée.
Nous faisons ce que nous pouvons, nous les fous, parmi tous ces tarés.

* Être plus que maîtres de nos vies, en être les magiciens.

* « Une histoire qui n'a jamais commencé n'a que l'écriture pour la faire naître éternelle. »

Suzy Bess.

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