[Des Pages à Lire] "La Vie Rêvée de Noah Oakman", David Arnold


     La Vie Rêvée de Noah Oakman     
David Arnold
Titre original: "The Strange Fascinations of Noah Hypnotik"
Auteur: David Arnold
Éditeur: Milan
Traduit de l'américain par: Maud Ortalda
Nombre de pages: 404

Je remercie les éditions Milan et Babelio pour cette lecture,
lue dans le cadre d'une masse critique. 

* Quatrième de Couverture *

Dernière année de lycée pour Noah Oakman et ses deux meilleurs amis. Un frère et une sœur avec lesquels il forme le « Triangle fragile ».

L'année des choix, des nouveaux horizons, des chemins qui se cherchent, se séparent ou se retrouvent.

Lors d'une soirée arrosée, Noah se laisse hypnotiser et se réveille dans un monde parallèle. Des détails de sa vie sont modifiés: sa mère a une cicatrice sur la joue, ses amis ont changé de goûts et de projets, son chien a rajeuni.

Rien de très grave, mais il va, en réaction, tenter de s'accrocher à ce qui n'a pas changé, pour sortir de ce mauvais rêve et ne pas se noyer.

Rien de très grave, et pourtant...

Une expérience rafraîchissante, intelligente et... hypnotique.

* Mon avis *
! Coup de Cœur !

L'impression qu'une lueur différente fait pétiller mon regard, que mon être intérieur frémit d'exaltation, qu'allégresse et nostalgie se disputent l'empire de mon esprit; c'est ce que l'on appelle un coup de cœur dans toute sa puissance !

Noah Oakman a d'Étranges Fascinations, deux meilleurs amis pétillants - la charmante Val et l'énergique Alan Rosa-Haas -, une vision éclairée de la vie, une petite sœur excentrique obsédée par Audrey Hepburn, un chien empoté, des centres d'intérêts passionnants, deux parents qui lui mettent la pression, un choix d'avenir à faire. Mais Noah doute, se questionne, et ne veut pas se rendre à la fête étudiante où le traînent les jumeaux Rosa-Haas; alors il s'y enivre, suit un jeune désœuvré chez lui et, lorsqu'il ressort, découvre que son monde a pris une tournure légèrement différente, des détails de sa vie se sont modifiés. Noah va donc chercher à comprendre ce qui arrive et tenter d'arranger les choses.

Ce roman young adult propose une aventure onirique autant qu'un récit d'apprentissage. Le héros, à l'aube de sa vie d'adulte, livre ses pensées comme elles lui viennent, c'est-à-dire de manière sporadique, comme celles de tout un chacun en somme. Et c'est sans doute cette spontanéité qui a eu un tel impact sur mon ressenti: j'ai parfois eu l'impression que l'auteur dévoilait une ligne de pensées similaire à celle que je pourrais moi-même avoir; en a résulté la sensation de comprendre totalement le héros alors que, bien qu'ayant de nombreux goûts en commun, nous sommes différents l'un de l'autre. Noah est un adolescent sensationnel dont la sympathie n'a d'égal que sa simplicité, j'aurais adoré avoir un ami comme lui; je crois d'ailleurs que c'est ce qu'il est devenu au fil des pages (et même assez rapidement), son authenticité en ferait presque quelqu'un de tangible, qui parle à côté de nous et dont on pourrait raconter les aventures aux personnes qui nous entourent dans la vraie vie: "Hé ! Tu devineras jamais ce qui est arrivé à Noah l'autre jour !" Et quand un ami traverse une passe difficile et des évènements vraiment curieux, c'est un peu nous-mêmes qui sommes impactés et espérons, avec lui, un retour rapide des choses à la normale. Oui, mais qui sait ? Ces bouleversements sont peut-être nécessaires à l'apprentissage de Noah...
Avec une plume captivante, certains chapitres d'une beauté si renversante qu'ils font battre le cœur un peu plus fort, et de multiples références à la culture - pop, mais pas que -, David Arnold évoque l'adolescence et ses complexités avec naturel à petites doses de surnaturel, et livre une ode à l'amitié et à la famille qui nous fait savourer la présence de ceux que l'on estime, que l'on comprend, que l'on accepte malgré leurs défauts, et qui nous estiment, nous comprennent et nous acceptent malgré les nôtres; il nous donne aussi envie de continuer à jouir de la vie et de ses plus infimes détails tout en continuant à forger ces rêves qui nous font parfois voyager loin.

Difficile d'en dire plus sans gâcher le plaisir de la découverte; ce roman se doit d'être abordé sans a priori, sans attentes particulières, avec pour seule volonté de se laisser porter, et, peut-être qu'à ce moment-là, vous vivrez cette expérience littéraire aussi intensément que je l'ai vécue. Et c'est tout le bien que je vous souhaite !
 
* Parlons Couverture *

Cette illustration de WBYK est absolument superbe ! Ah, j'en suis folle. Ça et le design de Theresa Evangelista en font l'une des plus belles couvertures de l'année (oui, oui, je l'affirme) ! Le clin d’œil à David Bowie, ou plutôt au personnage d'Aladdin Sane, est manifeste, rien de plus logique étant donné que Noah en est fan. La couverture originale - et ses couleurs si vives - n'a rien à voir mais n'en est pas moins aussi sublime, à tel point que je finirai certainement un jour par me la procurer. Je suis également fan de la cassette audio de l'édition serbe (je suis assez âgée pour en avoir connu, et j'en ai toujours d'ailleurs !).
Voici les deux autres versions:


Citations:

* Je me sens plus proche que jamais de mon véritable moi quand je me trouve quelque part entre mes amis et ma famille.

* Au bout du compte, on n'est rien de plus qu'une meute de loups.

* Parfois, les choses simples et les choses compliquées sont la même chose.

* - Chaque chanson est personnelle, commença-t-il en serrant son carnet contre lui. La plupart de mes paroles sont basées sur une ambiance, plus que sur du concret. J'invente une histoire et je m'inclus dedans. J'appelle ça un récit d'ombres.

* Voilà comment ça se passe: je ressens trop, je mange trop peu, je veux aller dans des endroits où je ne suis jamais allé, je sens les hauts et les bas en moi, les heureux et les tristes aussi, et pour une fois j'aimerais ressentir une seule chose à la fois, juste une seule chose, bordel.

* - Je suis parfaitement indifférent, en fait. Je n'ai rien pour ni contre, et c'est un art qui se perd d'ailleurs. Apparemment, si on adore pas tel truc ou qu'on ne hait pas tel autre truc, notre avis ne compte pas. Mais tout ne se résume pas toujours au pire et au meilleur.

* - L'important dans la véritable conversation telle que je la conçois, c'est l'acceptation de la vulnérabilité. Laisser les idées prendre la direction qu'elles veulent, même si c'est inconfortable.

* - Cela fait partie de la condition humaine: quand nous nous approchons trop près de la vérité, elle nous effraie.

* - J'ai l'impression que ma vie est comme un vieux pull. Je suis devenu trop grand pour le mettre. Ça ne veut pas dire que je n'aime pas ce pull, ni que je n'en perçois pas la valeur. Simplement, ça veut dire que je ne peux plus le porter.

* Certains livres sont comme certaines chansons: celles auxquelles on revient, dont on fait des playlists, qu'on se passe en boucle.

* « Je crois que l'écriture a moins à voir avec les mots qu'avec les silences entre eux. »

* - Je voudrais gagner ma vie en vivant.

* Je songe souvent à la chronologie du monde et à ma place dedans. Et quand je regarde le passé et que je vois tout ce que l'humanité a si radicalement mal compris, ou décrété impossible - des idées qui relevaient de la science-fiction à une époque et qui sont à présent de la science -, ce serait bien ignorant de ma part que de me tourner vers l'avenir et de dire: « Impossible. »

* J'adore l'errance délibérée qui accompagne les années d'expérience à passer en revue les rayons des bibliothèques, en imaginant tous ceux qui sont passés avant moi. Certains flâneurs occasionnels, les mains dans les poches, admirent l'ensemble; d'autres examinent frénétiquement tous les dos à la recherche du livre qui leur sauverait la vie. Et j'adore plus que tout laisser mes pensées explorer les profondeurs en se noyant pour de bon dans les livres.
On ne se perd jamais aussi bien que dans une bibliothèque.

* Animateur: Certains vous nomment la « Kurt Vonnegut féminine ». Comment accueillez-vous ce titre ?
Henry: Sûrement comme Kurt si on le surnommait le « Mila Henry masculin ».

* - Pourquoi tu aimes tant David Bowie ?
- Il acceptait d'être qui il était quoi qu'il arrive.

* Il est des fois où je me demande si tout ce qui s'est passé dans ma vie, jusque dans les menus détails, a été planté là exprès, pile à cet endroit, pour qu'un jour, un arbre grand et fort en pousse et me procure une ombre de sagacité à côté de laquelle, autrement, j'aurais totalement pu passer.

* - Il arrive que quelque chose te regarde avec insistance jusqu'à ce que tu le saisisses.

* « Parfois, je ne sais pas ce que j'écris, jusqu'à ce que ce soit écrit. Parfois, je ne sais pas ce que je pense, jusqu'à ce que je le lise. Et parfois, je ne sais pas où je vais, jusqu'à ce que j'y sois. »

* Je pense que je ne suis pas grand-chose.
Je pense que pas grand-chose, c'est toujours quelque chose.

* Il y a beaucoup d'endroits où j'aimerais vivre, et beaucoup d'époques où j'aimerais vivre, et je pense qu'écouter de la musique composée dans ces endroits ou à ces époques dans lesquels je n'ai pas vécu est ce que j'en ai de plus proche.

* Je pense qu'on peut reconnaître les défauts de quelque chose et toujours l'aimer.

* Je pense que la nostalgie c'est quand quelque chose manque à une âme et, comme l'amour longue distance, la nostalgie s'accroît et pour finir, ce qui nous manque, c'est plus l'idée de l'objet que l'objet lui-même.

* Je fantasme mon passé et je fantasme mon avenir. L'instant présent est toujours le pire moment de ma vie.

* Si on les laisse faire, les gens détruisent toujours tout.

* J'imagine que c'est comme la vie. C'est complexe, nuancé, et pas une chose n'existe plus qu'une autre.

Suzy Bess.  

Commentaires

  1. Et voilà, c'est ajouté à ma liste d'envie. Mon banquier doit t'appeler d'ailleurs, tu t'expliqueras avec lui !^^

    Du coup, forcément, ça donne trés envie !

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    1. Ha ha ! Désolée... ^^ Mais tu n'es pas mieux, tu sais, les titres que j'ajoute à ma propre liste par ta faute sont nombreux.

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