"Rage", Richard Bachman (Stephen King)


Rage
Titre original: "Rage"
Auteur: Richard Bachman (alias Stephen King)
Éditeur: J'ai Lu
Traduit de l'anglais par: Évelyne Châtelain
Nombre de pages: 251

* Quatrième de Couverture *

Neuf heures cinq. L'écureuil cavale sur la pelouse. Dans la salle 16, Mme Underwood donne son cours d'algèbre... "Si l'on augmente le nombre de variables, les axiomes eux-mêmes restent valides..."
L'interphone crache alors une giclée de mots-requins. Charles Decker est convoqué chez le directeur...
Neuf heures vingt. Après un entretien destroy, Charly met le feu aux vestiaires. Dans les marais puants de son subconscient, son dinosaure personnel patauge avec rage. Charly ouvre la porte de sa classe, tire sur son prof, qui s'effondre. Exit. Tuée sur le coup. Charly se sent merveilleusement bien. Il est allé jusqu'au bout...
Neuf heures cinquante. Océan de silence dans la classe prise en otage. Charly se prépare pour le sprint final. Psychodrame et lavage de cerveau. Tout le monde va passer à la moulinette...
 
* Mon Avis *

Stephen King, sous le nom de Richard Bachman, nous livre un roman fort, vraiment très fort !

Une journée banale de lycée. Sauf pour Charles Decker, qui vient d'atteindre le point de non-retour. Humiliations, recadrage, il quitte le bureau du directeur de l'établissement, dans lequel il a été convoqué alors qu'il était en plein cours, avec fracas. Il brûle son casier, rejoint sa salle de classe, armé, tue deux professeurs sur son passage, puis s'enferme avec les autres élèves. Mais au fil des minutes, la prise d'otages prend une tournure inattendue, et le dialogue qui s'engage entre chacun devient introspectif.

Changement de nom, changement de style ? Non, on reconnaît bien là le talent de Stephen King dans la construction de ses personnages, même si ce court roman (quasiment la taille d'une nouvelle, pour l'auteur) semble légèrement différent de ses précédentes œuvres. Le récit a beau être restreint, il n'en est pas moins intense ! C'est que le sujet choisi (évidement, on ne se borne pas à un seul thème au cours de ces pages, plusieurs s'entrecroisent) est regrettablement très actuel. Et de plus en plus fréquent ces dernières années. Je n'avais encore jamais lu d'ouvrage revenant sur une fusillade dans un lycée; alors que ce phénomène se multiplie, le sujet est tellement sensible et engrange une telle tension populaire (rien de plus logique) que je ne vois pas beaucoup d’œuvres l'évoquer. Et pour cause: ce titre de l'auteur sort en 1977 aux États-Unis (13 ans plus tard en France), mais le roman est d'une telle puissance que certains lecteurs avouent s'être identifiés au personnage principal, Charlie - un jeune homme qui, perturbé par plusieurs évènements marquants de sa vie, s'enfonce de plus en plus dans sa névrose -, et commettent des fusillades. Même s'il ne pense pas que son ouvrage soit le facteur de base ayant abouti à ces phénomènes, Stephen King prend tout de même la décision d'en arrêter la publication à la fin des années 90. Je ne regrette pas d'avoir eu l'occasion de le découvrir (merci David !), car l'histoire que nous présente l'auteur est d'une psychologie profonde, elle nous propose une sérieuse réflexion. Si la tuerie de masse n'est pas présente ici, la mort en début d'ouvrage de deux professeurs et la prise d'otages qui s'ensuit, sans savoir de quelle manière elle va se terminer, installe le lecteur dans une position malaisante: nous suivons les pensées de Charlie, essayons de comprendre une situation difficilement imaginable tout en étant tellement fasciné par ce qui se joue sous nos yeux (le jeune homme fait preuve d'un art de la manipulation hallucinant et les autres élèves ne réagissent pas toujours comme on s'y attend) qu'on en oublierait presque le corps de sa professeure, étendu à ses pieds. Le ressenti final est tellement étrange, que je ne saurais l'expliquer. Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce récit, mais mieux vaut laisser chaque lecteur vivre sa propre expérience et se faire ses propres impressions.

J'ai été captivée par ce roman, du début à la fin (je l'ai d'ailleurs lu en une journée). Il me coûte de dire que je l'ai adoré, ça paraît si terrible de dire ça d'une telle histoire... Et pourtant, c'est le cas. La plume de Stephen King nous offre une œuvre d'une force incroyable qui paraît authentique, c'est ce qui fait sa force (mais que certains verront, peut-être, comme son plus grand défaut, car trop pénétrante).
 
* Parlons Couverture *

Cette photographie de couverture me laisse perplexe. Parlons avec franchise: je ne l'aime pas. Le style est trop particulier pour moi. La couverture de la première édition originale du roman est sans doute celle qui me parle le plus, et la plus représentative.


Citation:

* La folie, c'est quand on ne voit plus les coutures qui font tenir les différentes parties du monde ensemble.


Suzy Bess.
   

Commentaires

  1. Je comprends tout à fait ton ressenti. Un peu dans le même genre que celui qu'on peut avoir en regardant Joker. On peut comprendre ce qui les améne là, sans cautionner les actes perpétués. Mais du coup, on se sent mal à l'aise. Et, comme tu le dis, c'est trés fort émotionnellement.

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