"Geisha", Arthur Golden


Geisha
Titre original: "Memoirs of a Geisha"
Auteur: Arthur Golden
Édition: Le Livre de Poche
Traduit de l'anglais (États-Unis) par: Annie Hammel
Nombre de pages: 605

* Quatrième de Couverture *

A neuf ans, Sayuri est vendue par son père à une maison de plaisir de Kyoto. Dotée d'extraordinaires yeux bleus, la petite fille se plie avec docilité à l'initiation difficile qui fera d'elle une vraie geisha.
Art de la toilette et de la coiffure, rituel du thé, science du chant, de la danse et de l'amour: Sayuri va peu à peu se hisser au rang des geishas les plus convoitées de la ville.
Écrit sous la forme de mémoires, ce récit a la véracité d'un exceptionnel document et le souffle d'un grand roman.
 
* Mon Avis *
! Coup de Cœur !

J'ai eu un coup de cœur lors de ma première lecture de ce récit; depuis, j'ai beau le lire et le relire, l'intensité de mon ressenti ne faiblit jamais: ce roman est une merveille !

Enfants, alors que leur mère se meurt, Chiyo et sa grande sœur sont vendues par leur père. Arrachées de leur petit village de pêcheurs, elles sont envoyées à Kyoto et séparées; Chiyo y est accueillie dans une okiya dans l'objectif de faire d'elle une geisha. D'abord pleine de désespoir, la fillette va tenter de s'enfuir, ce qui va compromettre son destin; mais elle finit par faire une rencontre qui va modifier sa vision des choses et bouleverser sa vie: celle d'un homme, président d'une grande entreprise, qu'elle va aimer comme on aime un rêve inaccessible. A partir de ce jour, elle décide de travailler sans relâche pour pouvoir, un jour, avoir la chance de le revoir. Alors que les affres de la seconde Guerre Mondiale ne sont plus très loin, l'avenir de la petite fille devenue Sayuri va se voir modifié à plusieurs reprises.

Écrite à la manière de mémoires, cette histoire possède une force indubitable: celle de paraître vraie, alors qu'elle ne l'est pas. Excellemment renseigné, l'auteur nous plonge dans un Japon d'entre-deux guerres (puis au cœur de la seconde Guerre Mondiale) avec une plume magnifique et des figures de style absolument délicieuses; et ce n'est pas qu'une manière de dire les choses: au cours de la lecture, nous ne pouvons nous empêcher de penser que ce que nous lisons est beau. Entre finesse et poésie, nous avons droit à une profusion de détails que l'on ne se lasse pas de découvrir. Chiyo/Sayuri est une narratrice - nous pourrions presque dire conteuse - à laquelle nous nous attachons immédiatement: les évènements tragiques auxquels elle est confrontée depuis son enfance sont dénoncés avec une telle délicatesse, une telle abnégation que la noirceur n'en ressort que plus nettement.

Dépaysement assuré parmi des paysages que nous imaginons très bien; cette plongée en douceur dans un univers et au cœur de mœurs qui n'ont pas toujours de jolies choses à dévoiler me fascinera toujours. Une épopée dramatique et poétique au côté d'une héroïne naïve et attachante que je recommande !
 
* Parlons Couverture *

Cette photographie est identifiable au premier regard et reste ancrée dans les mémoires ! Il s'agit ici de l'affiche du film adapté de ce roman par Rob Marshall, avec une Zhang Ziyi éblouissante dans le rôle principal. Un choix de couverture parfait ! Il existe une autre jolie édition représentant le bas du visage d'une geisha:





Citations:

* Son visage était très ridé, et dans chaque ride mon père avait logé un soucis. De sorte que ce n'était plus vraiment son visage, mais un arbre avec des nids dans toutes les branches.

* Je revins au cimetière peu après, et je découvris, debout devant ces sépultures, que la tristesse est une chose qui pèse infiniment. Mon corps était deux fois plus lourd qu'une minute auparavant comme si ces tombes me tiraient vers le bas, vers elles.

* Est-ce qu'une vie trop dure finit immanquablement par vous rendre méchant ?

* "Il faut résister. Nous n'avons pas le choix, en ce monde."

* Certains ont du mal à faire la différence entre quelque chose de grand et quelque chose dont ils ont simplement entendu parler.

* Nos vies s'écoulent comme des rivières à flanc de colline: nous allons dans la même direction, jusqu'au moment où un obstacle nous fait exploser en mille gouttelettes et nous oblige à changer de cours.

* C'est pourquoi les rêves peuvent être si pernicieux: ils couvent, comme un feu, et parfois ils vous consument totalement.

* Dans la vie, il arrive que des choses dépassent notre entendement, simplement parce qu'elles nous sont inconnues.

* - Nous ne rencontrons pas autant de douceur en ce monde que nous l'espérons.

* Il y a quelque chose de douloureux, de pathétique dans la beauté.

* - Il n'y a pas que des destins exceptionnels. La vie n'est parfois qu'un long combat quotidien.

* Les jeunes filles imaginent des choses insensées ! Les espérances, c'est comme les ornements que l'on porte dans les cheveux. Les filles en ont trop. Une fois vieilles, il suffit qu'elles en mettent ne serait-ce qu'un seul pour se rendre ridicules.

* Aujourd'hui, les gens croient au libre arbitre. A mon époque, nous nous considérions comme des morceaux d'argile qui gardent les empreintes de tous ceux qui les ont touchés.

* L'adversité, tel un vent furieux, nous empêche d'aller où nous voulons, nous dépouille et nous laisse face à nous-mêmes - tel que nous sommes, et non tel que nous pensions être.

* Lorsque nous remontons la rivière à contre-courant, chaque pas prend une intensité particulière.

* On parle bien de la souffrance seulement quand on l'a dépassée.

* - Parfois, soupira-t-il, les choses me paraissent plus vraies dans mon souvenir que dans la réalité.

* Aujourd'hui je sais que notre univers n'est pas plus réel qu'une vague qui se dresse à la surface de l'océan. Quels que soient nos luttes, nos triomphes, quelle que soit la façon dont ils nous affectent, ils ne tardent pas à se fondre en un lavis, à s'estomper, comme de l'encre diluée sur du papier.


Suzy Bess.

  

Commentaires

  1. Il faudra vraiment que je le lise un jour aussi celui-là. Il m'intéresse pas mal !

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