"Entre les murs", François Bégaudeau
Entre les Murs
Auteur: François Bégaudeau
Édition: Folio
Nombre de pages: 290
* Quatrième de Couverture *
"Ne rien dire, ne pas s'envoler dans le commentaire, rester à la confluence du savoir et de l'ignorance, au pied du mur. Montrer comment c'est, comment ça se passe, comment ça marche, comment ça ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idées par des gestes. Juste documenter la quotidienneté laborieuse."
Entre les murs s'inspire de l'ordinaire tragi-comique d'un professeur de français. Dans ce roman au plus près du réel, François Bégaudeau révèle l'état brut d'une langue vivante, la nôtre, dont le collège est la plus fidèle chambre d'échos.
* Mon Avis *
Très intéressant, ce récit ne m'en a pas moins laissé un ressenti complexe à définir.
Professeur dans un collège, le narrateur relate ses anecdotes quotidiennes face à des élèves en difficultés ou difficiles. Il observe également ses collègues et leurs manières de montrer qu'ils existent. Entre insultes de la part d'adolescents, incompréhension avec leurs parents et exaspération du corps enseignant, François Bégaudeau livre un récit édifiant.
Oui, mais. Durant la totalité de ma lecture, j'ai vogué entre l'ébahissement (avoir connaissance des comportements dont sont capables certains élèves et certains adultes nous laisse vraiment ahuris) et une certaine confusion (l'attitude du professeur et ses réflexions intérieures - tout comme celles de certains autres membres de l'équipe enseignante -, parfois à la limite de la discrimination, m'ont souvent embarrassée). Alors que dire ? Je ne peux affirmer avoir apprécié ce texte, je ne peux tout autant dire que je ne l'ai pas aimé; ces deux informations seraient inexactes.
L'un des éléments m'ayant le plus gênée est qu'au cours de ces pages, le narrateur ne se présente pas, ni lui ni vraiment l'endroit où il travaille; en conséquence, cette histoire peut avoir tendance à généraliser des comportements isolés;
or, heureusement, l'irrespect, le laisser-aller, la condescendance
n'ont pas encore atteint le seuil fatidique à partir duquel nous
pourrions nous permettre de généraliser. Ce manque de présentation abouti également au fait que si nous voulons savoir si l'auteur s'inspire de faits réels, de son propre vécu, il faut aller se renseigner sur Internet. Je trouve cela dommage, quand une simple mention dans la biographie express, présente en début d'ouvrage, aurait pu éclairer le lecteur.
Pour information: l'auteur s'inspire donc de son vécu. Et il est triste de savoir que ce que nous découvrons de l'éducation au collège est aussi réel qu'alarmant. J'ai
particulièrement apprécié que les élèves ne sont pas seuls mis à la
faute: l'humour caustique et mordant de l'auteur ne manque pas de mettre
en scène des enseignants, en salle des professeurs, qui ont souvent
tout autant de lacunes - orthographiques, par exemple - que leurs élèves.
La narration est également formulée dans un style relâché, où les
négations sont bien souvent omises; ce style plaira ou ne plaira pas.
La contenance globale de ce texte nous laisse avec l'impression d'être démunis: nous cherchons de notre côté quelles solutions pourraient être employées pour former les jeunes collégiens, leur donner envie d'apprendre, tout comme redonner envie à des enseignants parfois défaitistes de renouer avec leur métier, et il est difficile de trouver réponses à ces problèmes. L'éducation a peu évoluée avec l'ère moderne, or les mentalités changent rapidement et l'enseignement devrait pouvoir s'adapter. Mais comment ? De quelles manières modifier les programmes et les présenter ? Comment, également, gérer la discipline quand ses valeurs ont si radicalement changées par rapport à il y a seulement quelques dizaines d'années ? Ce récit pose de nombreuses interrogations aussi importantes qu'intéressantes auxquelles il est urgent de trouver des issues.
Je reste sur ma réserve concernant ce récit qui reste cependant tout à fait instructif et nous éclaire sur l'état de l'enseignement en France, et où la langue française est mise à l'honneur.
* Parlons Couverture *
Ce livre a été adapté au cinéma par Laurent Cantet et l'auteur, François Bégaudeau, y incarne le rôle principal. Le film a reçu de nombreux prix et un accueil de la critique extrêmement favorable. Cette photo de couverture reprend l'affiche du film, aux si jolies couleurs. Ma salle de classe, lorsque j'étais moi-même collégienne, avait nettement moins de style !
Citation:
* Organiser le chaos pour fabriquer de la puissance, c'est passionnant.
Suzy Bess.
En effet, je connaissais l'histoire de François Bégaudeau avant de lire le roman (notamment quand il était chanteur de Zabriskie Point) donc je n'ai pas forcément remarqué les mêmes choses. Mais oui, le style de Bégaudeau est particulier, et encore, c'est son roman le plus simple dans le genre^^
RépondreSupprimerC'est ce que j'ai cru lire, effectivement. ^^
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