Jessie


Jessie
Titre original: "Gerald's Game"
Auteur: Stephen King
Editeur: Le Livre de Poche
Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par: Mimi et Isabelle Perrin
Nombre de pages: 412

* Quatrième de Couverture *

Par curiosité, par amusement, par amour peut-être, Jessie s'est longtemps prêtée aux bizarreries sexuelles de Gerald, son mari. Puis un jour, elle s'est rebellée. Débattue. Avec une violence qu'elle ne soupçonnait pas. Et à présent la voilà nue, enchaînée à un lit, dans une maison perdue, loin de tout, un cadavre à ses pieds... Un mauvais rêve ? Non. L'horreur ne fait que commencer.

Jamais le maître de l'épouvante ne nous avait emmenés aussi loin dans la terrifiante exploration de nos phobies et de nos cauchemars...
 
* Mon Avis *

Avec "Jessie", je découvre pour la première fois la plume de Stephen King, et autant dire qu'il était temps !

Gerald et sa femme Jessie ont prévu de passer un agréable moment charnel dans leur maison isolée, près du lac Kashwakamac, dans le Maine. Comme c'était envisagé, Gerald menotte Jessie au lit pour exciter un peu plus ses sens, mais contrairement à d'habitude, sa femme n'a pas envie ce jour-là de se retrouver dans une telle situation et le lui fait savoir... Mais cela ne lui fait ni chaud ni froid, et il est bien décidé à aller au bout de son petit jeu. C'est alors que Jessie a un réflexe involontaire et propulse son mari à coups de pieds en dehors du lit; sitôt il fait une crise cardiaque. Jessie se retrouve coincée - les clés des menottes étant hors de portée - seule, avec pour unique perspective devant elle une mort lente et douloureuse.

Quel plaisir cette lecture ! Enfin... c'est une façon de parler car on ne peut pas dire de cette histoire qu'elle soit plaisante (dans le sens "joli" du terme) à lire ! Par contre, elle est vraiment captivante. En commençant son récit avec la description d'une femme sur le point de se faire violer par son mari, l'auteur nous percute de plein fouet et impose dès le début une tension certaine.
Être contraint à la solitude oblige à la réflexion, et c'est par l'intermédiaire de sa conscience, hantée par plusieurs voix intérieures, que nous découvrons Jessie. Sa situation éprouvante, attachée quasiment nue à un lit sans moyen de s'en défaire, lui permet de faire le point sur sa vie jusqu'ici, et le constat n'en est pas très glorieux. Au travers d'un souvenir d'enfance particulièrement traumatisant, l'héroïne se révèle au lecteur autant qu'à elle-même; de ce souvenir cuisant qui l'a ronge, elle se porte responsable et met en avant une culpabilité pourtant bien innocente. C'est déstabilisant à lire, car l'on comprend que cette épisode l'a mené là où elle en est aujourd'hui. Stephen King nous plonge dans les tréfonds de l'âme de son personnage, mais il nous offre bien plus qu'un roman haletant, c'est aussi une oeuvre intime et féministe. Les remarques pertinentes que se fait Jessie sur la femme, sa condition de femme mariée, et la place en général de la gent féminine dans la société et comment elle est perçue, font s'interroger le lecteur.
Pour ce qui est de l'effroi, il suffit à l'écrivain de faire entrer en scène seulement deux personnages pour nous tourmenter en beauté: un chien et... un mirage ? un monstre ? un psychopathe ? la Mort elle-même ? Par ses descriptions détaillées et réalistes, il nous laisse imaginer avec facilité et précision ce qui nous est narré, et c'est la première fois que je ris nerveusement à ce point en lisant un roman. Il y a des instants tellement stressants (quand d'autres sont sordides et immondes) que le rire était mon seul moyen de me détendre un peu.

J'appréhendais ma première lecture d'un King; malgré tout le bien que l'on dit à son propos - ou peut-être à cause de cela justement - j'avais peur qu'il soit surestimé comme peuvent l'être certains auteurs. Finalement, je n'ai absolument rien à reprocher à ce roman, il m'a plu en tout point, et le fait que l'auteur nous manipule subtilement et contrôle à ce point nos émotions me plaît indubitablement !
 
* Parlons Couverture *

La photo en noir et blanc représentant une paire de menottes accrochée à un montant de lit correspond tout à fait à ce que l'on retrouve dans le roman (à ceci près que le lit du récit est en bois...). Et nous comprenons l'importance qu'a le nom de l'auteur, placardé de cette manière d'un cramoisi bien vif ! Le rendu me plaît.



Citations:

* Elle veut changer le passé... mais le poids du passé est écrasant, et essayer de s'en libérer est aussi difficile, découvre-t-elle, que de soulever une maison pour chercher en-dessous un objet égaré, oublié ou caché.

* Cette voix affirmait que les choses prennent un autre aspect quand il fait nuit, surtout si l'on reste seul, insistait-elle. Alors, les serrures de la cage qui emprisonne l'imagination sautent et des choses s'en échappent, toutes sortes de choses.

* Les mots ont une façon de créer leurs propres impératifs.

* Je viens seulement de comprendre que souvent, on est très influencé par les autres, si fier soit-on de sa force et de son indépendance.

* [...] je veux te dire encore une chose, à laquelle je commence vraiment à croire: je vais m'en sortir. Pas aujourd'hui, pas demain, pas la semaine prochaine, mais un jour ou l'autre. M'en sortir autant qu'il nous est permis de le faire, à nous autres humains. C'est bon de savoir qu'on peut encore choisir la survie et que, parfois, c'est même agréable de survivre. Que ça peut avoir un goût de victoire.



Suzy B.

 

Commentaires

  1. Bon. j'ai bien choisi alors. J'ai essayé de ne pas en prendre un trop long au cas où ça ne te plairait pas. La prochaine fois je t'envoies toute la saga de La tour sombre ! (je rigoles hein^^). Mais si tu as aimé le style, tu devrais aimer une bonne partie des autres, à quelques exceptions. Dolores Claiborne est trés bien, pas trés long, et a un petit lien avec celui-ci (ses livres sont souvent un peu lié... et se passent TRES souvent dans Le Maine^^)

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    1. La taille des livres ne me fait pas peur, je suis courageuse ! ;) En tout cas tu as bien choisi, oui, merci encore !

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