[Des pages à lire] "Phèdre", Jean Racine
Phèdre
Jean Racine
Auteur: Jean Racine
Édition: Larousse
Présenté, annoté et commenté par: Laurence Giavarini et Eve-Marie Rollinat-Levasseur
Nombre de pages: 208
* Quatrième de couverture *
Dans Phèdre, le spectateur cherche le monstre. Est-ce le Minotaure abattu autrefois par Thésée ? Est-ce la confidente Oenone qui veut sauver la reine et va jusqu'à calomnier l'innocence ? Phèdre qui aime, qui se hait et s'accable ? Ou encore Thésée qui voue son propre fils au sang du sacrifice ? Le passé d'une famille maudite qui recouvre toute la scène d'un voile noir ? Vénus « tout entière à sa proie attachée » ? Est-ce le texte même d'une pièce pleine de plaintes et de fureurs, le texte-Phèdre ?
Certes, il fallait bien alors qu'une bête d'écailles surgisse de le mer, pour que les mots de la tragédie donnent forme, enfin, à notre terreur.
* Mon avis *
Sublime, puissant, quel texte !
Phèdre, mariée à Thésée, cache un secret lourd et honteux: elle aime son beau-fils, Hippolyte. Oenone, fidèle confidente de Phèdre, va tout faire pour apaiser sa reine et la pousser à dévoiler ses sentiments au jeune prince, surtout lorsque Thésée est déclaré mort. Mais quand Phèdre apprend qu'Hippolyte est amoureux de la douce Aricie et que son mari rentre bien vivant de son voyage aux Enfers alors qu'elle a osé se déclarer, son monde et celui de ceux qui l'entourent s'effondre.
Cette tragédie est d'une beauté subjuguante. Riche en rebondissements, porté par la prose de Racine, ce récit nous emporte dans une parenthèse de la mythologie grecque dont on se délecte. La force des sentiments est ici éprouvée et éprouvante, l'amour unique, douloureux, l'amertume, teintée de tristesse, les choix à faire, entourés de terreur, l'engrenage des évènements, implacable.
L'édition présentée, spécialisée pour l'analyse de texte, propose un dossier d'étude qui, s'il est instructif, est par moments assez lourd à lire. Quelques illustrations et photographies figurent également dans ces pages, un plus tout à fait agréable.
Le dramaturge nous offre, en reprenant ce mythe, un drame puissant et
une poésie des sentiments dont je me souviendrai longtemps.
* Parlons couverture *
Cette illustration de Gianpaolo Pagni est contemporaine, mais ça me plaît; le figuratif des silhouettes et de leur pose va bien à l'histoire.
Citations:
* Phèdre - Tout m'afflige, et me nuit, et conspire à me nuire.
* Phèdre - Je le vis, je rougis, ja pâlis à sa vue;
Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue;
Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler;
Je sentis tout mon corps et transir et brûler.
* Hippolyte - Présente, je vous fuis; absente, je vous trouve.
* Phèdre - Est-ce un malheur si grand que de cesser de vivre ?
* « Dans l’œuvre de Racine, Phèdre est la tragédie de l'espoir de vivre dans le monde sans concession, sans choix et sans compromis, et de la reconnaissance du caractère nécessairement illusoire de cet espoir. » (Lucien Goldman, "Le Dieu Caché" - Destin de l’œuvre)
S.
Je ne connais absolument pas cette histoire mais tu me donne trés envie de la lire ! D'autant que je ne me souviens pas avoir déjà lu Racine.
RépondreSupprimer