[Des pages à lire] "La Belle-Mère", Sally Hepworth
La Belle-Mère
Sally Hepworth
Titre original: "The mother-in-law"
Auteure: Sally Hepworth
Éditeur: L'Archipel
Traduit de l'anglais par: Maryline Beury
Nombre de pages: 360
Je remercie chaleureusement les éditions de l'Archipel pour cette lecture !
* Quatrième de couverture *
Avocate appréciée pour son dévouement, Diana se bat pour améliorer le sort des réfugiés, mais elle se montre froide et distante, sinon blessante, envers les siens. Ce dont souffre Lucy, sa belle-fille, qui rêvait de trouver en elle une mère de substitution.
Dix années ont passé, et Diana vient de mourir. Elle se serait suicidée. Mais, à l'autopsie, nulle trace d'un cancer... Qu'est-il donc arrivé à Diana, dont le testament a été modifié peu de temps avant sa mort ?
Avec ce suspense psychologique, dans la lignée des succès de Liane Moriarty, Phoebe Morgan ou B.A. Paris, Sally Hepworth livre le portrait glaçant d'une famille en apparence harmonieuse. En apparence seulement...
* Mon avis *
Cette lecture prenante m'a beaucoup plu.
À l'annonce du décès de Diana Goodwin, sa belle-mère, Lucy ne sait pas encore que sa vie ne sera plus jamais la même. Rencontrée dix ans plus tôt, le contact est toujours passé très difficilement entre les deux femmes; il est vrai que Diana s'est toujours davantage occupée des réfugiés que de sa propre famille, jugeant que cette dernière avait moins besoin d'elle. Mais la mort de Diana est suspecte et la police enquête. Entre souvenirs du passé et moment présent, les révélations sur cette famille bien sous tout rapport se font.
En alternant les époques, ce roman dramatique a également la bonne idée de nous proposer le point de vue de différents personnages; approche intéressante puisque nous découvrons ainsi plusieurs versions de la même histoire, on ne sait donc jamais que penser des personnages, notre avis évoluant au fil des chapitres. Sally Hepworth met en lumière cette représentation bien connue des relations difficiles entre belle-fille et belle-mère; et si je n'ai jamais été confrontée à ce genre de problématique, il est curieusement vrai que l'on entend souvent parler de ces conflits. Mais ce n'est pas le seul sujet de ce roman car ici, c'est la vie intérieure même d'une famille qui est fouillée et mise à jour, et si ce n'est pas glaçant c'est souvent assez triste. Diana est un personnage que je n'oublierai pas de sitôt: son caractère est particulier, presque asocial par moment, mais on ne peut s'empêcher de la comprendre parfois et d'éprouver de la pitié à son encontre. Reste qu'elle est tout de même particulièrement agaçante la plupart du temps. Tel un roman d'Agatha Christie, on découvre petit à petit que chaque protagoniste peut se révéler suspect, car chacun pouvait reprocher quelque chose à la disparue. Et le suspense, maintenu jusqu'au bout, tient en haleine le lecteur.
Une lecture captivante, donc. Pas aussi sombre que ce à quoi je m'attendais et j'ai finalement apprécié ce drame familial tel quel.
* Parlons couverture *
Cette sombre photographie de Magdalena Russocka est superbe, elle fait très thriller. Jolie et inquiétante, j'aime beaucoup. Et voici celles que l'on peut trouver dans le monde:
Citations:
* C'est étrange ce que l'on peut deviner parfois, sans comprendre pourquoi.
* Il est si facile d'être à côté de la plaque, pour une belle-mère. On dirait qu'il existe mille lois à respecter, sauf qu'elles ne sont écrites nulle-part. S'impliquer mais ne pas s'imposer. Soutenir mais ne pas envahir. Rendre service vis-à-vis des petits-enfants, mais sans empiéter sur le rôle des parents. Offrir sa sagesse, mais pas de conseils. De toute évidence, je ne maîtrise pas cette liste. Le poids des contraintes m'intimide au point de me décourager. Le plus agaçant, c'est de songer que le beau-père, lui, ne risque presque jamais le faux pas. Il doit se montrer accueillant, rien de plus.
* C'est drôle, la vitesse avec laquelle on finit par considérer certaines choses comme normales. Et comme les principes peuvent s'envoler.
* J'ai passé tellement de temps à m'efforcer de ne pas être faible que j'avais oublié le bien que cela fait. Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours dû être forte pour ma famille. Être fort a des avantages. Cela vous donne un sentiment de puissance, comme si vous pouviez tout affronter, survivre à tout. C'est la raison pour laquelle j'ai vécu ma vie de cette manière, en travaillant dur, sans jamais m'apitoyer sur mon sort ou céder à la faiblesse. Mais le pouvoir est une chose surfaite. Et être faible - et s'apitoyer sur soi-même - est étonnamment jouissif.
* Qui sommes-nous, une fois morts ? Je me le demande. La question vaut la peine d'être posée. La plupart des gens n'y trouvent pas de réponse immédiate. Ils restent perplexes et réfléchissent quelques minutes. Attendent même parfois que la nuit leur porte conseil. Puis les réponses commencent à arriver. Nous sommes nos enfants. Nos petits-enfants. Nos arrières petits-enfants. Nous sommes tous ceux qui continuent de vivre parce que nous avons vécu. Nous sommes notre sagesse, notre intellect, notre beauté, filtrés par les générations continuant de se déverser dans le monde et de changer les choses.
Suzy Bess.
J'aime beaucoup la couverture. Elle a un côté "affiche de film" qui me plait. Celui-ci pourrait me plaire en tout cas !
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