Raison et Sentiments
Raison et Sentiments
Titre original: "Sense and Sensibility"
Auteure: Jane Austen
Editeur: Editions de l'Archipel / Archipoche
Traduit de l'anglais par: Isabelle de Montolieu
Revu par: Hélène Seyrès
Nombre de pages: 428
* Quatrième de Couverture *
L'éducation sentimentale des soeurs Dashwood promet d'être rude dans le petit monde étriqué de la bourgeoisie du Devonshire.
Publié en 1811, Raison et Sentiments est le premier grand roman anglais du XIXe siècle.
* Mon Avis *
Il fut étrange pour moi de relire ce roman dans une nouvelle version, cette redécouverte m'a apporté un ressenti mitigé bien que la nouveauté soit intéressante.
A la mort de M. Dashwood, sa femme et ses filles Elinor, Marianne et Margaret doivent quitter leur demeure de Norland Park en faveur de John Dashwood, fils du premier mariage du disparu. Aidées par un lointain membre de la famille, elles vont alors s'installer dans une chaumière, près de Barton Park. En quittant son ancien logis, Elinor, aînée des soeurs Dashwood, a dû renoncer à rencontrer journellement Edward Ferrars, qu'elle aime profondément; son tempérament posé et altruiste lui font cacher sa peine à sa famille qui pensait que des fiançailles entre eux ne tarderaient pas. Furieusement passionnée, Marianne est tout son contraire et va rapidement se laisser aller à aimer ouvertement Willoughby, jeune gentilhomme étant venu à son secours lors d'une mauvaise chute et paraissant l'adorer tout autant. Mais la tristesse va vite gagner le coeur de la famille Dashwood lorsqu'Elinor va apprendre qu'Edward est déjà engagé envers une autre jeune fille et que Marianne va être abandonnée avec la plus grande indifférence par son cher Willoughby.
De tous les romans de Jane Austen, celui-ci est sans doute l'un où la satire se fait le plus ressentir. L'auteure démontre en effet très rapidement la fausseté ou le grotesque du caractère de la plupart de ses personnages par des exagérations sans fin. C'est un récit aussi drôle que touchant à lire, puisqu'on se prend facilement d'amitié pour l'une ou l'autre - ou même les deux - des héroïnes, qui ont également chacune des défauts bien mis en avant. Relatant les malheurs sentimentaux de jeunes filles en fleurs donc, Raison et Sentiments est écrit avec cet humour mordant que l'on connait bien de Jane Austen, et l'on aime autant que l'on peut détester les nombreux retournements de situations que l'on suit dans le roman ainsi que les personnages qui font l'histoire.
Ayant déjà lu à plusieurs reprises ce roman - dont deux autres éditions parsèment ma bibliothèque - et vu plusieurs de ses adaptations télévisées, cette relecture à néanmoins été une sorte de découverte; car est-ce dû à la traduction d'Isabelle de Montolieu ou à la révision d'Hélène Seyrès, l'on remarque dans cette édition collector de nombreux passages modifiés ou encore des ajouts improbables - je connaissais à ce roman 50 chapitres, il y en a ici 52. Aussi, je regrette qu'aucune préface ou introduction ne soit présente pour expliquer et justifier ces changements qui m'ont quelque peu déstabilisés et dont je ne peut comprendre la raison. A quoi ressemble donc le roman original de l'auteure ? Aux anciennes publications ou à celle-ci ? Moi qui n'ai pas la chance de pouvoir lire anglais, voici donc maintenant les questions que je me pose. Je dois avouer que, sans que cela soit vraiment désagréable, ça a un peu gâché mon plaisir de lecture; j'étais souvent dans la comparaison avec ce que je connaissais déjà, deux livres ouverts en mains: un ancien ouvrage et celui-ci. Ces modifications altèrent également le caractère des amours entre Marianne, Willoughby et le Colonel Brandon, qui en paraissent moins sincères qu'auparavant. Le rendu final laisse ressentir une certaine amertume et enlève de la beauté de l'oeuvre telle que je l'ai connue la première fois et qu'elle a été représentée dans les adaptations. Ceci dit, ces améliorations ne sont pas pour autant à jeter, j'en ai même trouvé certaines très intéressantes. Il faut juste s'habituer, j'imagine.
Je reste une grande admiratrice de cette histoire et de la construction du récit; Jane Austen semblait bien consciente de la longueur de son histoire, passé la plupart du temps dans les atermoiements et la dépression de Marianne, et a donc apporté beaucoup de péripéties à son intrigue.
Surprenant, et peut-être dérangeant vu que rien ne signale une différence dans l'histoire, ce récit prend un coup de jeune mais reste toujours captivant à découvrir.
* Parlons Couverture *
Ce roman fait partie de toute la série des romans de Jane Austen sortis en édition collector chez Archipoche; j'aime beaucoup le look donné aux ouvrages: tous les livres ont les mêmes composition et motifs (dans vous pouvez voir ci-dessous une meilleure vision), dans des coloris différents. Le profil féminin, qui n'est malheureusement pas celui de Jane Austen (pourtant bien connu, c'est dommage !) est tout à fait représentatif du genre.
Citations:
* - [...] il y a quelque chose de si aimable dans les préjugés d'un jeune coeur qu'on est presque fâché du moment où il y renonce pour adopter les opinions générales.
* - [...] à quoi sert de parler ?
- Souvent à faire beaucoup de mal, dit Elinor, à dire plus qu'on ne sait, plus qu'il n'y a. Le public juge sur l'évènement, ignore les circonstances et parle de ce qu'il ne sait qu'imparfaitement.
* - On n'aime que ce qu'on estime, et alors on peut aimer toujours.
Suzy Bess.
Trés intéressante cette analyse. Et ce même si je ne connais pas le roman, ni original, ni aucune des autres versions. Mais j'ai connu cette sensation sur quelques films dont j'ai vu plusieurs versions (4 par exemple sur Blade Runner)
RépondreSupprimerMerci, c'est une sensation difficile à expliquer quand on ne la jamais vécue, donc ravie d'avoir réussi à me faire comprendre ! ;)
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