[Des pages à lire] "Le Prestige", Christopher Priest


Le Prestige
Titre original: "The Prestige"
Auteur: Christopher Priest
Éditeur: Denoël
Traduit de l'anglais par: Michèle Charrier
Nombre de pages: 409

* Quatrième de Couverture *

Dans l'Angleterre de la fin du XIXe siècle, où les numéros de magicien et le spiritisme attirent les foules, deux prestidigitateurs, Alfred Borden et Rupert Angier, se rendent célèbres grâce à l'audace de leurs tours. Cette notoriété ne les protège pas de la jalousie, et bientôt les deux hommes se lancent dans une tragique compétition, chacun mettant au point un numéro de téléportation.
Quelle folie ont-ils osé commettre pour devenir le plus grand des magiciens ?
  
* Mon Avis *

Roman peu commun, pour une histoire peu commune.

Andrew Westley, journaliste, est appelé à rencontrer une mystérieuse femme dans le Derbyshire. Sur place, Kate Angier lui révèle une histoire aussi inattendue qu'incroyable: à la fin du XIXe siècle, et jusqu'au début du XXe siècle, leurs deux aïeux, prestidigitateurs reconnus, se sont livrés à une haine sans merci. Une haine qui a amené Rupert Angier et Alfred Borden à commettre toujours plus d'actes répréhensibles l'un envers l'autre et à faire évoluer leurs numéros d'illusionnistes toujours plus loin. Mais ont-ils eu des limites ? Et pourquoi, aujourd'hui, Andrew sent-il la présence d'un jumeau qui, vraisemblablement, n'a jamais existé ?

Le mystère. Ce roman le raconte. Il en est plein également. Rarement je n'ai lu d’œuvre aussi sibylline; et dont j'ai pensé, pendant plus de la moitié du récit, qu'elle m'était insaisissable. Il est déroutant de se retrouver en milieu de lecture et se rendre compte que l'on ne sait toujours pas que penser de ce qu'on lit. Composé de cinq parties, ce roman nous propose de découvrir les mémoires d'un illusionniste, le journal d'un autre, ainsi que le récit présent de leurs descendants; on passe donc d'un récit narratif, somme toute, assez classique (avec les descendants) à un premier livre dans le livre (les mémoires, où l'on nous ment ouvertement - et on accepte que l'on nous mente, ça fait partie du spectacle; on veut savoir, mais on accepte de se voiler la face), parfois très technique et où certains secrets de la prestidigitation sont révélés, pour se plonger ensuite dans un second livre dans le livre (le journal intime) offrant une nouvelle vision des évènements survenus au cours de la partie précédente, avant de terminer sur une conclusion étonnante. Construction brillante ! Car forte de ses secrets, l'histoire se révèle dans un processus particulier: elle dévoile quelques éléments (pour éviter trop de frustrations au lecteur... et donc le perdre), redevient énigmatique sans que l'on sache où cela va nous mener, puis nous laisse entrevoir une possible explication avant de nous montrer un final éblouissant... L'auteur a tout simplement construit son roman comme un illusionniste aurait monté l'un de ses tours. On ne peut qu'applaudir ! De plus, la haine que se vouent les deux personnages principaux est puissante, la tension qui en découle nous tient, et l'utilisation des deux versions de l'histoire (celle de chaque illusionniste), parfois semblables, d'autres fois discordantes, est savamment orchestrée. Finalement, on se retrouve à s'intéresser à tout - tout ! - ce qui peut être écrit dans cet ouvrage, les secrets présents quasiment dans chaque pages donnant envie de chercher des indices derrière chaque mot, des éclaircissements derrière chaque informations donnée, nous tentant de revenir en arrière afin de relire certains passages révélateurs que l'on n'aurait pas décelés la première fois...

Ce roman m'a déstabilisée et j'ai trouvé ça fascinant. C'est un véritable spectacle, il est intense et on ne sait pas où l'on va, mais on se laisse embarquer. Première fois que je lis un roman de Christopher Priest, ce ne sera pas la dernière: ce fut une véritable expérience !
 
* Parlons Couverture *

Illusion d'optique et deux prestidigitateurs en pleine action, l'un face à l'autre, c'est ce que nous propose cette couverture qui n'est autre que l'affiche de l'adaptation au cinéma du roman. Sombre et énigmatique, ça convient tout à fait.
Quelques belles autres couvertures m'ont tapé dans l’œil, à découvre ci-dessous (cliquez sur les photos):



Citation:

* Dans l'expression du chagrin se trouve sa guérison même.


Suzy Bess.
     

Commentaires

  1. Un roman que j'ai aussi adoré, et qui est le seul de Priest que j'ai lu à avoir cette construction. Mais ses autres romans sont intéressants aussi pour plein d'autres raisons^^

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    1. Cette approche de la structure avec le thème principal m'a énormément plu !

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